EVITER LES ATTITUDES
NUISANT A LA SINCERITE

Dans les chapitres précédents, nous
avons souligné les caractéristiques
que doit posséder quiconque souhaitant
être sincère. Il est également important de se
purifier de toutes les pensées "gênant la sincérité" ou
"obscurcissant totalement la sincérité".
Bediuzzaman Said Nursi, a dit: "Mes frères! Il y a de
nombreux obstacles devant les grandes oeuvres de bien.
Satan lutte vigoureusement contre ceux qui accomplissent
ces oeuvres. On doit compter sur la force de sa sincérité
face à ces obstacles et ces satans. Vous devez éviter les
choses qui nuisent à la sincérité de la même manière que
vous évitez les serpents et les scorpions. Selon les paroles
du prophète Joseph , "Je ne m’innocente cependant
pas, car l’âme est très incitatrice au mal, à moins
que mon Seigneur, par miséricorde, ne la préserve du
péché." (Sourate 12, Yusuf: 53)
, on ne doit pas compter
sur l’âme incitatrice au mal. Ne laissez pas l’égoïsme et
l’âme vous tromper!"22. Le démon est donc l’ennemi
de ceux qui visent à être véritablement sincère. Il
veut les égarer et interférer avec leur sincérité en
encourageant les mauvais penchants de leur âme.
Contre ces efforts déterminés du démon, tout vrai
croyant devrait prendre la moralité du Prophète
Joseph comme exemple. Il ne cède pas à son ego et
évite ardemment tous ses ordres. Dans les prochains
chapitres, nous verrons les attitudes qui détériorent
la sincérité et les moyens de s’en écarter.

La purification du mal de l’âme

Cette vie est un test et, à moins que Dieu ne le
veuille autrement, l’âme a été créée pour inviter les
hommes à commettre de mauvaises actions, comme
le fait de ne pas agir sincèrement. Pour y parvenir,
l’âme se dirige vers le chemin qui encourage tous les
types de mauvaises pensées. Comme indiqué dans
le verset ci-dessous, le mauvais côté de l’âme est
constitué de "péché et mal incessant":

Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement
façonnée; et lui a alors inspiré son immoralité, de
même que sa piété! (Sourate 91, ash-Shams: 7-8)

Cependant, Dieu inspire également aux
hommes les moyens d’éviter ce mal et de purifier
son âme.
Le verset suivant affirme que ceux qui corrompent
leur âme échoueront, et que ceux qui la purifient
seront parmi ceux qui réussissent:

A réussi, certes celui qui la purifie. Et est perdu,
certes, celui qui la corrompt. (Sourate 91, ash-
Shams: 9-10)

Très certainement, celui qui tend à être sincère et
à être parmi les serviteurs dévoués de Dieu doit
faire un tel choix. Dieu attire l’attention sur les
efforts véritables accomplis par les croyants:

Et il y a parmi les gens celui qui se sacrifie pour
la recherche de l’agrément de Dieu. Et Dieu est
Compatissant envers Ses serviteurs. (Sourate 2,
al-Baqara: 207)

Cependant, il est important de se conduire avec
honnêteté et sincérité, et sans jamais se plaindre ni
soutenir le mauvais côté de son âme. On doit s’entraîner
à cet effet en purifiant son âme du mal et en
la rendant docile, et en ne soutenant jamais le mauvais
côté de son âme qui a toujours tort, s’oppose au
Coran et agit comme le porte-parole du démon. Il
faut donc sans cesse nous demander d’où viennent
nos envies.
Nous ne nous sentons pas obligés de défendre
l’âme d’une autre personne ou de prouver qu’elle a
raison, et on doit agir de la même manière envers
notre propre âme. Nous devons traiter le mauvais
côté de notre âme comme un étranger et s’y opposer.
On doit l’admonester quand elle incite au mal, et on
doit écouter la voix de sa conscience, sans se sou96
mettre aux mauvaises pulsions. C’est le seul moyen
de repérer toute méthode trompeuse utilisée par son
âme, de l’évaluer objectivement, et de la juger à la
lumière du Coran. Alors seulement, on sera sincère
et on obtiendra le consentement de Dieu:

Et pour celui qui aura redouté de comparaître
devant son Seigneur, et préservé son âme de la
passion, le Paradis sera alors son refuge. (Sourate
79, an-Nazi’at: 40-41)

Préférer l’âme d’un autre croyant à la
sienne

Une des attitudes qui nuit à la sincérité est
"l’avidité et l’égoïsme" inhérents à l’âme:

Oui, l’homme a été créé entêté; quand le malheur
le touche, il est abattu; et quand le bonheur le
touche, il est refuseur. (Sourate 70, al-Ma’arij:
19-21)

Afin d’être sincère, on doit dépasser le côté de
notre âme, et le remplacer par l’abnégation et le
dévouement. Pour y parvenir, on doit se purifier de
l’avidité de son âme:

... Et quiconque a été protégé contre sa propre avidité...
ceux-là sont ceux qui réussissent. (Sourate
64, at-Taghabun: 16)

Ce chemin n’est pas difficile à suivre, mais il faut pour cela être toujours méfiant du mauvais côté
de son âme. Dans les communautés ignorantes où
les gens manquent de crainte envers Dieu et de foi
en l’Au-delà, l’égoïsme et l’avidité sont une philosophie
de vie. Ces gens considèrent que c’est de la
vigilance et une qualité que de placer leurs besoins
avant ceux des autres et de défendre leurs propres
intérêts. Ils ne prennent jamais en considération leur
responsabilité envers Dieu. A la lumière des versets
du Coran, il serait faux d’attribuer les passions
avides et égoïstes à ces seules personnes et de limiter
le problème aux gens ignorants. Ils sont dans une
sorte d’extrême, mais d’autres personnes qui ne sont
pas considérées comme avides ou égoïstes peuvent
secrètement ou ouvertement entretenir les mêmes
tendances qui les empêchent d’être sincère. Il est
vraiment très simple de purifier son âme de ces
maux. Pour cela, il faut appliquer au mieux la moralité du Coran.
Bediuzzaman Said Nursi attire notre attention
sur la solution révélée dans un verset du Coran:

Gagnez la sincérité totale en conformité avec le verset:
"...et qui les préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie
chez eux..." (Sourate 59, al-Hashr: 9)23

Dans ce verset, Dieu souligne que les vrais
croyants préfèrent leurs frères à eux-mêmes, même
s’ils sont eux-mêmes dans le besoin ou s’ils ont faim;
et qu’ils se tiennent près de leurs frères quand ils
doivent faire un choix. Les musulmans vivant à
Médine n’ont pas été gênés d’aider leurs frères en
fuite depuis la Mecque. Ils leur fournirent un toit et
de la nourriture, sans se soucier de leurs moyens
limités. Au contraire, ils étaient heureux et se
réjouissaient d’avoir battu les tendances égoïstes et
mesquines de leurs âmes et d’avoir donné la priorité
à leurs frères au Nom de Dieu. Ils savaient clairement
qu’un tel comportement était le plus noble,
consciencieux et sincère, et en conformité avec le
Coran. De plus, Dieu a augmenté et augmentera
leur récompense pour leur abnégation, à la fois dans
ce monde et dans l’Au-delà. Et Dieu annonce la
récompense promise à ceux qui pratiquent une telle
moralité:

Si vous faites à Dieu un prêt sincère, Il le multipliera
pour vous et vous pardonnera. Dieu cependant
est très Reconnaissant et Indulgent. (Sourate
64, at-Taghabun: 17)

Ne pas être trompé par les tentations de
son âme

Objectivement, on voit qu’on est constamment
confronté avec les incitations de notre âme. Ces incitations
nous encouragent à ne pas abandonner nos
penchants pour les biens de ce monde. Dieu nous dit
par exemple que dépenser en charité ce qu’on aime
est ce qu’il y a de meilleur. Une personne ne peut
devenir réellement bonne que de cette manière:

Vous n’atteindrez la vraie piété que si vous faites
largesses de ce que vous chérissez. Tout ce dont
vous faites largesses, Dieu le sait certainement
bien. (Sourate 3, Al ‘Imran: 92)

Bien que l’on puisse sacrifier tout ce que l’on
possède, on peut toujours être passionnément attaché
à certaines de nos affaires, et être réticent à les
donner. Nous pouvons aussi préférer nos intérêts à
ceux d’un frère musulman avec qui on doit partager
nos biens et gardes pour nous nos affaires favorites.
Cependant, notre conscience nous rappellera que
dépenser de ce que nous aimons a plus de valeur.
Mais quelque chose nous poussera à ne pas agir
conformément à ce meilleur jugement moral et à ne pas agir sincèrement.
La véritable bonne action est pourtant d’offrir
immédiatement ses possessions favorites quand on
voit que quelqu’un d’autre est dans le besoin. Si ces
biens sont si chers à nos yeux, alors l’autre personne
les appréciera et sera ravie. Garder les meilleures
choses pour soi et donner les moins désirables est le
signe d’une âme qui n’est pas complètement purifiée
de l’égoïsme. Dieu attire l’attention sur le fait
que cette attitude doit être atteinte avant d’espérer
parvenir à la bonté.
Si quelqu’un préfère le bien-être d’un autre au
sien, recherche toujours le meilleur, la santé et la joie
des autres, alors on peut dire qu’il est sincère. Par
exemple, il se porte volontaire pour accomplir une
tâche difficile plutôt que d’attendre que les autres
s’en occupent. Ce qui convient mieux à un musulman
est d’accomplir ces tâches secrètement, sans
s’attendre à un remerciement. Un verset dit:
"concurrencez-vous dans les bonnes oeuvres", ce qui
est vraiment représentatif de la sincérité car il s’agit
de ne pas hésiter à exécuter une tâche et de l’accomplir
du mieux possible et prouve que cette personne
préfère son frère à elle-même. Elle choisit la
difficulté au confort et à la facilité, avec des pensées
d’abnégation du type "Laissez-moi me fatiguer à la
place de mon frère musulman", "laissez-moi me
charger de la difficulté de ce travail pendant qu’il se
repose", ou "laissez-moi passer du temps pour faire
cela à sa place". De cette manière, elle peut espérer
gagner le consentement de Dieu avec ce comportement
sincère.
Dans un de ses travaux, Bediuzzaman Said
Nursi souligne qu’il est bon de privilégier les autres
musulmans quand on parvient à des bénéfices
licites afin de se libérer des passions égoïstes de
l’âme: "Choisissez les âmes de vos frères à votre propre
âme dans les honneurs, rangs et acclamations, dans les
choses que votre âme apprécie comme les bénéfices matériels.
Même dans le plus innocent et inoffensif des bénéfices,
comme d’informer un croyant nécessiteux d’une des
vérités subtiles de la foi. Si possible, encouragez un de vos
compagnons qui ne le veut pas, de l’informer, afin que
votre âme ne devienne pas prétentieuse. Si vous avez un
désir comme ‘Laissez-moi lui expliquer cette question afin
que j’en obtienne la récompense’, ce n’est sûrement pas
un péché et il n’y a pas de mal à cela, mais la signification
de la sincérité entre vous peut être altérée."24 Ainsi, il
rappelle aux musulmans que sacrifier ce qui plaît à
l’âme, comme l’honneur, la réputation, l’autorité, les
bénéfices matériels et l’affection, devrait être un
moyen d’être sincère. Un croyant peut tout à fait rester
au second plan et laisser un de ses frères recevoir
l’attention s’il fait une bonne suggestion ou dit
quelque chose d’important.
Tout homme qui évite les incitations de son
âme, et s’efforce d’être sincère et de gagner le
consentement de Dieu, sera accueilli par Dieu et
sera récompensé de ses efforts:

Et pour celui qui aura redouté de comparaître
devant son Seigneur et préservé son âme de la
passion, le Paradis sera alors son refuge. (Sourate
79, an-Na’ziat: 40-41)


Vaincre l’avidité et la jalousie

Dieu nous informe dans le verset suivant que
l’âme humaine est influencée par l’avidité:

... les âmes sont portées à l’avidité. Mais si vous
agissez en bien et vous êtes pieux... Dieu est,
certes, Parfaitement Connaisseur de ce que vous
faites. (Sourate 4, an-Nisa: 128)

Nous sommes amenés à combattre intérieurement
les sentiments de jalousie et d’avidité et
essayer de nous en purifier afin de pratiquer convenablement
la moralité du Coran et de gagner pleinement
le consentement de Dieu. De la même
manière, un autre verset indique que les gens qui
divergent et s’écartent du droit chemin à cause de
"l’envie" qu’ils ressentent envers les autres, en dépit
d’avoir reçu le Livre les guidant vers le droit chemin:

Les gens formaient (à l’origine) une seule communauté
(croyante). Puis, (après leurs divergences,)
Dieu envoya des prophètes comme
annonciateurs et avertisseurs; et Il fit descendre
avec eux le Livre contenant la vérité, pour régler
parmi les gens leurs divergences. Mais, ce sont
ceux-là mêmes à qui il avait été apporté qui se
mirent à se disputer, après que les preuves leur
furent venues, par esprit de rivalité! Puis Dieu,
de par Sa Grâce, guida ceux qui crurent vers cette
Vérité sur laquelle les autres se disputaient. Et
Dieu guide qui Il veut vers le chemin droit.
(Sourate 2, al-Baqara: 213)

Voici où peut mener la jalousie. On peut être
conscient du chemin à suivre mais prendre la mauvaise
direction à cause des sentiments de jalousie et
d’avidité qui empêchent de penser rationnellement
et d’évaluer proprement les évènements. Cela nous
empêche d’agir selon les valeurs du Coran. On ne
peut alors pas parler de ce qui se rapporte à Dieu, ou
agir de manière sincère et authentique car on n’est
pas gouverné par notre esprit et notre conscience,
mais plutôt par notre âme qui prend le rôle de l’avocat
du diable. L’âme dirige alors vers le du mal.
Afin d’être purifié de ces vices, on doit avant
tout comprendre que les sentiments de jalousie et
d’avidité sont contraires à la religion. Cela est
typique des gens attachés à ce monde car les jaloux
des avantages matériels ou moraux des autres et se
disputent entre eux, alors que les vrais croyants sont
ceux qui s’abstiennent de devenir excessivement
attachés aux possessions de ce monde.
Fondamentalement, ils ne désirent que l’Au-delà.
Un véritable croyant sait avec certitude que les
bénéfices de ce monde sont accordés par Dieu, et
qu’ils lui seront repris le moment venu. Bien qu’il en
tire du plaisir d’une manière qui plaît à Dieu, il ne
devient jamais leur esclave et n’est jamais consumé
par l’ambition d’en avoir plus. Il remercie Dieu pour
ce qu’Il lui a accordé, et sait comment être satisfait
avec ce qu’il a. Et si Dieu accorde, pour une certaine
raison, plus de Ses bienfaits à quelqu’un d’autre, il
sait que c’est dans un but précis:

Il possède les clefs des trésors des cieux et de la
terre. Il attribue Ses dons avec largesse, ou les
restreint à qui Il veut. Certes, Il est Omniscient.
(Sourate 42, ash-Shura: 12)

Réfléchir à l’Au-delà élimine la jalousie
et l’avidité

Chaque personne est testée à travers les bienfaits
que Dieu lui donne avec largesse ou qu’Il restreint.
Ainsi, ceux qui s’adressent à Dieu avec gratitude
diffèrent de ceux qui se comportent de manière
ingrate en abandonnant la moralité du Coran. Si
on comprend que cette vie est éphémère et a été
créée uniquement pour tester les gens, on ne peut
envier les biens des autre. Envier un riche, un beau
ou un puissant n’est pas en accord avec la moralité
du Coran. Si on vit selon la grande moralité du
Coran, on sait clairement que Dieu nous accordera
de grands bienfaits dans l’Au-delà et cette vérité
nous procure la paix de l’esprit. Ceux qui ne comprennent
pas le destin, la nature réelle de cette vie
terrestre, le fait que Dieu est le Créateur de toutes les
choses qu’il faut placer leur foi en Lui, se laissent
entraîner par les sentiments de jalousie et d’avidité.
Tout vrai croyant ayant connaissance de cette vérité s’abstient de se comporter ainsi.
Un vrai croyant évite précautionneusement de
devenir jaloux mais il désire adopter la bonne moralité
de son frère musulman, contenue dans le Coran.
Il ne devient jamais avide et, en conformité avec le
verset du Coran qui dit "concurrencez-vous dans
les bonnes oeuvres"
, il fait des efforts sincères pour
faire partie des serviteurs aimés de Dieu, et pour
mettre en pratique la moralité du Coran du mieux
possible. Cette concurrence dans les bonnes oeuvres
n’est pas basée sur les sentiments de jalousie ou de
rivalité. C’est une compétition visant à se rapprocher
de Dieu plutôt que des êtres humains. De la
même manière, une telle personne souhaite également
que les autres croyants fassent partie des serviteurs
aimés de Dieu, comme il le souhaite pour
lui-même. Il ne prie et agit en ce sens.
Les vrais croyants savent qu’ils ont été créés
faibles, comme toutes les créatures, et ils reconnaissent
leurs faiblesses devant leur Seigneur:

Dis: "Je ne détiens pour moi-même ni profit ni
dommage, sauf ce que Dieu veut. Et si je connaissais
l’Inconnaissable, j’aurais eu des biens en
abondance, et aucun mal ne m’aurait touché. Je
ne suis, pour les gens qui croient, qu’un avertisseur
et un annonciateur." (Sourate 7, al-A’raf: 188)

Celui qui accorde plus d’importance à l’Au-delà
qu’au choses de ce monde n’adopte jamais une
moralité basée sur l’opinion des autres. Il s’efforce
de ne gagner que le consentement de Dieu et n’essaye
pas d’être meilleur que les autres pour gagner
de l’estime ou avoir une place sûre, un rôle important
dans la société. Si on reconnaît de telles tendances
ou défauts en soi, on doit alors être conscient
que notre moralité nuira à notre sincérité et l’empêchera
de gagner le consentement de Dieu.
Dans ses travaux, Bediuzzaman Said Nursi étudia
ce problème en profondeur et souligna un certain
nombre de points importants afin de guider les
vrais croyants. Dans son commentaire sur la sincérité,
il décrit la rivalité parmi les croyants comme suit:
Dans les sujets liés à la religion et à l’Au-delà il ne
devrait pas y avoir de rivalité, d’envie ou de jalousie; il
ne peut en vérité n’y avoir rien de tout cela. La raison de
l’envie et de la jalousie est que lorsque plusieurs mains
se tendent vers un même objet, quand plusieurs yeux se
fixent sur un même endroit, quand plusieurs estomacs
ont faim du même morceau de pain, l’envie survient
suite aux conflits, aux disputes et aux rivalités, puis
survient la jalousie. Puisque de nombreuses personnes
désirent les mêmes choses dans le monde, et puisque le
monde, limité et transitoire comme il est, ne peut satisfaire
les désirs illimités de l’homme, les gens deviennent
rivaux les uns des autres. Cependant, ... il est clair qu’il
n’y a pas de cause de rivalité dans l’Au-delà, et que la
rivalité n’existe pas. Dans ce cas, il ne doit pas y avoir
de rivalité en ce qui concerne les bonnes actions qui
entraînent des récompenses dans l’Au-delà; il n’y a pas
de place pour la jalousie. Celui qui est jaloux est soit un
hypocrite, recherchant des bénéfices terrestres via ses
bonnes actions, soit un adepte sincère mais ignorant, ne
connaissant pas le véritable but des bonnes actions et ne
comprenant pas que la sincérité est l’esprit et le fondement
de toutes les bonnes actions. En cultivant un type
de rivalité et d’hostilité envers les saints de Dieu, il met
en fait en doute l’ampleur de la compassion de Dieu…
O gens de vérité et du droit chemin! Le service de la
vérité est comme porter et préserver un grand et lourd
trésor. Ceux qui transportent cette confiance sur leurs
épaules seront heureux et reconnaissants quand de puissantes
mains s’élancent à leur secours. Loin d’être
jaloux, on doit applaudir fièrement la force supérieure,
l’efficacité et la capacité de ceux qui viennent offrir leur
aide par amour. Pourquoi alors voir les frères et ceux
plein d’abnégation avec un esprit de rivalité, et ainsi ne
plus être sincère?25
Ici, Bediuzzaman rappelle aux vrais croyants
que la jalousie et la rivalité n’ont pas de place dans
la moralité du Paradis et que toute action pieuse
visant à gagner le Paradis ne peut être corrompue
avec la jalousie ou la rivalité. Les vrais croyants sont
des amis, les gardiens et les frères des uns des
autres, dans la vie de ce monde et dans l’Au-delà.
Chacun sert le même dessein. Plus ils se soutiennent,
plus ils plaisent à Dieu. Pour cette raison, un
vrai croyant, sincère, doit aider son frère et être fier
de l’autre plutôt que d’être jaloux de ses nobles qualités.
Le Prophète (sur lui la grâce et la paix) parla du
besoin de cette unité, de cette affection mutuelle et
de cette camaraderie parmi les vrais croyants:
Vous observerez que les croyants sont comme les parties
du corps en relation les unes avec les autres en matière
de bonté, d’amour et d’affection. Quand une partie du
corps est affligée, le corps entier le ressent; il y a la perte
du sommeil et la fièvre se développe.26
Dans un autre de ses travaux, Bediuzzaman
Said Nursi rappelle aux musulmans que les vrais
croyants peuvent surmonter la jalousie et la rivalité
en étant fiers des caractéristiques supérieures de
chacun des autres. Il souligne également que quiconque
pratique une telle moralité mettra sa personnalité
de côté pour se fondre dans la moralité de
la communauté musulmane toute entière. Ainsi,
chaque vertu sera attribuée à chacun d’entre eux:
C’est imaginer les vertus et les mérites de vos frères, et
d’être fier de leur gloire. Les Soufis ont des termes qu’ils
utilisent entre eux, "annihilation dans le shaykh, annihilation
dans le Prophète (sur lui la grâce et la paix)"; Je
ne suis pas Soufi, mais leurs principes forment une
bonne règle, sous la forme de ‘annihilation dans les
frères’. Parmi les frères c’est appelé "tafânî", c’est-à-dire
"annihilation l’un dans l’autre". Cela signifie oublier
les sentiments de son âme charnelle, et vivre dans son
esprit avec les vertus et les sentiments de ses frères.
Dans tout évènement le fondement de notre voie est la
fraternité. C’est le moyen de la véritable fraternité. Au
plus haut, un Maître [Ustad] intervient. Notre voie est
la fraternité la plus ferme. Cette fraternité nécessite
d’être l’ami le plus proche, le compagnon qui fait le plus
de sacrifices, le camarade le plus apprécié, le frère le plus
noble. L’essence de cette fraternité est la véritable sincérité.
Quelqu’un abîmant cette sincérité tombe du
pinacle élevé de cette fraternité. Il peut tomber dans une
profonde dépression. Il n’y a rien à quoi il puisse s’accrocher.
27

La jalousie et la rivalité détruit la puissance
des croyants

Bediuzzaman souligne aussi le mal causé par les
différends et les rivalités divisent les croyants et les
affaiblissent alors que les accords et les alliances les
rendent encore plus puissants:
… Comme pour les gens négligents et mal guidés, afin
de ne pas perdre les bénéfices dont ils se sont entichés et
pour ne pas offenser les dirigeants et les compagnons
qu’ils adorent au nom des bénéfices, dans leur humiliation
extrême, leur abaissement et manque de virilité, ils
pratiquent des unions à tous prix avec leurs compagnons,
tout autant abominables, traîtres et nuisibles
qu’ils sont, et sont d’accord avec leurs partenaires quelle
que soit la forme dictée par leur intérêt commun. La
conséquence de ces accords est qu’ils obtiennent tous les
bénéfices désirés.28
Les gens qui ne croient pas en Dieu ni en l’Au delà
peuvent oublier les rivalités entre eux et établir
des alliances les uns avec les autres pour gagner
plus de puissance, de bénéfices et de récompenses
terrestres. Leur affection pour ces bénéfices peut éliminer
la jalousie et les rivalités entre eux, et peut en
faire des amis très proches. Ils espèrent bénéficier de
leur alliance, et ainsi récolter ses récompenses.
Il est impossible pour de vrais croyants qui
visent à gagner le consentement de Dieu d’abandonner
la jalousie ou les rivalités et d’établir de
telles alliances. Leur enthousiasme à gagner la satisfaction
de Dieu peut facilement surmonter la jalousie ou les rivalités que leur chuchote leur âme. Ils
doivent comprendre que de tels désaccords peuvent
leur nuire ainsi qu’à leur religion et se souvenir que
les conflits et les désaccords diminuent leur puissance.
Le Prophète Mohammed (sur lui la grâce et la
paix) a aussi exprimé que les musulmans doivent
toujours compléter les défauts des autres et couvrir
leurs erreurs en disant "Si quelqu’un couvre un musulman
[de ses péchés], Dieu le couvrira [de ses péchés] le
Jour de la Résurrection." 29 Autrement, l’unité parmi
eux sera éliminée et leur pouvoir sera diminué.
Quand la puissance des musulmans diminue, ceux
qui renient Dieu se renforcent. Aucun musulman ne
voudrait être tenu responsable d’une telle chose,
pour satisfaire uniquement les désirs de son âme.
On attend donc des musulmans qu’ils pratiquent la
moralité du Coran au mieux de leurs capacités,
qu’ils soient des exemples pour les autres, et qu’ils
les encouragent à vivre selon la religion. Il est évident
que quelqu’un n’ayant pas réussi à surmonter
la jalousie ou la rivalité en lui ne peut assumer cette
responsabilité et ne fera que diminuer la force des
croyants et renforcer leurs opposants. Une telle personne
est un mauvais exemple et elle doit immédiatement
adopter une moralité plus noble. Elle pourra
alors être sincère et atteindre le niveau de moralité
consenti par Dieu. Bediuzzaman dit qu’il incombe
au musulman "d’établir une alliance sincère avec les
musulmans" en conformité avec le verset qui énonce
"Aidez-vous les uns les autres en bien et en
piété", et de garder la sincérité éveillée:
La cure et le remède à cette maladie de discorde parmi les
gens de vérité est de prendre pour règle de conduite la
prohibition divine contenue dans ce verset: ‘et ne vous
disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre
force’. (Sourate 16, al-Anfal: 46) et le commandement
divin et sage pour la vie sociale contenue dans ce verset:
‘Entraidez-vous dans l’accomplissement des
bonnes oeuvres et de la piété’. (Sourate 5, al-
Ma’ida: 2)
. On doit réaliser combien les conflits sont
nuisibles à l’Islam, et comment ils aident les gens mal
guidés à triompher des gens de vérité, et ensuite, à
rejoindre de tout coeur et plein d’abnégation la caravane
des gens de vérité, avec le sentiment de ses propre faiblesses
et impuissances extrêmes. Au final, on doit
oublier sa propre personne, abandonner l’hypocrisie et
la prétention, et s’attacher à être sincère.30

Abandonner l’arrogance

Le manque de sincérité, les mauvais penchants
de l’âme tels que la rivalité ou l’ambition prennent
racine dans un mal encore plus grand: l’arrogance.
L’arrogance se retrouve chez celui qui méprise
l’adoration de Dieu, en oubliant ses faiblesses, en
méprisant les autres, et en se sentant fier. Mais
l’homme est une créature faible qui dépend de la
puissance de Dieu pour exister et survivre. Dieu est
le Puissant qui a créé l’homme à partir du néant, lui
a donné un esprit, l’a protégé et nourri, l’a fait respirer
et lui a accordé d’innombrables bienfaits. Dieu
est le Seigneur de l’Univers. En dépit de la clarté de
cette vérité, quelqu’un qui pense être indépendant
de Lui, et croît être responsable de ses propres qualités
souffre de toute évidence de graves illusions.
En fait, personne n’a le droit de se montrer fier
car Dieu peut reprendre à tout moment les bienfaits
qu’Il a accordés. De temps en temps, nous observons
tout le mal causé par ceux qui se comportent
fièrement à cause de leur beauté physique, leurs
connaissances, leurs capacités, leur richesse ou leur
statut social. On peut aussi observer ce qui leur arrive
quand ils perdent soudainement ces avantages
pour quelque raison que ce soit. Si de telles qualités
provenaient de la personne elle-même, alors il n’y
aurait aucune raison qu’elle les perde. Dieu créé de
nombreuses afflictions et difficultés dans cette vie
pour aider les gens à comprendre cette vérité. Il teste
l’humanité avec des épreuves qui affaiblissent, telles
que la vieillesse et les maladies.
Celui qui comprend tout ce qu’il possède provient
de Dieu et qu’il n’a pas de pouvoir sans Son
aide et assistance, il peut alors discerner en retour la
sagesse de Dieu dans Sa création, et acquérir l’humilité
en reconnaissant sa propre faiblesse. Selon
Bediuzzaman, l’étape la plus importante à franchir
pour devenir sincère est l’abandon de l’arrogance:
"Pour préserver la vérité des assauts des mensonges,
pour abandonner son égoïsme et renoncer au concept
erroné de fierté de soi, et de cesser tous les sentiments
insignifiants suscités par la rivalité. [Si l’on adhère à ces
préceptes], la sincérité sera préservée et sa fonction parfaitement
remplie."31
Il est nécessaire d’adhérer à cette moralité afin
de devenir sincère. L’arrogance nous amène à nous
placer en avant, à nous aimer nous-mêmes, à s’écouter
plutôt que d’écouter les autres, et à protéger ce
qu’on possède à tout prix. Celui qui est emporté par
la fierté obstrue le chemin de sa conscience à tout
avertissement, il n’écoute pas la voix de sa conscience
et ne peut en aucun cas se comporter sincèrement.
Dans le Coran, Dieu définit l’influence de l’arrogance
comme suit:

Et quand on lui dit: "Redoute Dieu", l’orgueil criminel
s’empare de lui. L’Enfer lui suffira, et quel
mauvais lit, certes! (Sourate 2, al-Baqara: 206)

Ce qui convient réellement à un croyant est de
mettre de côté son arrogance et de se comporter
selon ce qui plaît à Dieu:

Et il y a, parmi les gens, celui qui se sacrifie pour
la recherche de l’agrément de Dieu. Et Dieu est
Compatissant envers Ses serviteurs. (Sourate 2,
al-Baqara: 207)

Dieu nous indique comment ont péri les tribus
qui se comportaient avec arrogance envers Ses messagers:

Il dit: "C’est par une science que je possède que
ceci m’est venu." Ne savait-il pas qu’avant lui
Dieu avait fait périr des générations supérieures
à lui en force et plus riches en biens? Et les criminels
ne seront pas interrogés sur leurs péchés"!
(Sourate 28, al-Qasas: 78)

Réaliser ce que l’on perd à cause de
l’arrogance

Il est possible d’observer les dommages de l’arrogance
sur sa sincérité à chaque étape de sa vie.
Celui qui clame être supérieur aux autres est fermé
à tout type de critiques, d’avertissements ou de
conseils. Même s’il est pris en défaut, la supériorité
qu’il ressent le forcera à défendre ses vues, même si
elles sont fausses. Il perd donc sa sincérité, refuse
d’accepter les remarques, de montrer sa faiblesse, et
est gouverné par son propre soi.
Pour cela, il faut avant tout abandonner l’ego à
l’origine de l’arrogance, et ne pas se défendre de
manière entêtée. Alors seulement on peut espérer
agir conformément à l’esprit du Coran et se comporter
sincèrement. De la même manière,
Bediuzzaman Said Nursi rappelle au vrai croyant
que l’antidote le plus efficace contre l’ambition
d’être supérieur et d’être dans le vrai, est de "capituler
devant l’esprit des vrais croyants sans se
défendre":
Le seul remède à cette maladie est d’accuser votre propre
âme avant que les autres ne s’en chargent, et de toujours
prendre le parti de votre collègue, pas de votre propre
âme. La règle de vérité et d’équité établie par les savants
de l’art du débat est celle-ci: "Quiconque désir, en débattant
sur un sujet, que sa propre parole soit prise pour
vraie, quiconque est content lorsqu’il est dans le vrai et
son adversaire dans le faux – une telle personne agit
injustement." En plus de cela, une telle personne, qui
émerge victorieuse dans un tel débat, n’a rien appris
qu’elle ne connaissait auparavant, et sa fierté probable
lui causera du tort. Mais si son adversaire a raison, elle
aura appris quelque chose qu’elle ne connaissait pas et
de cette façon, elle aura gagné quelque chose sans aucune
perte, tout en étant préservée de la fierté. En d’autres
mots, être juste dans ses affaires et être amoureux de la
vérité soumettra le désir de sa propre âme aux exigences
de la vérité. S’il voit que son adversaire a raison, il l’acceptera
volontiers et le soutiendra avec joie.32
Considérer que nous sommes les causes de
notre succès est de l’arrogance qui détruit la sincérité.
Dieu est Celui qui a accordé à l’humanité son
esprit et ses capacités, et l’homme ne connaît que ce
que Dieu lui a appris:

Ils dirent: "Gloire à Toi! Nous n’avons de savoir
que ce que Tu nous as appris. Certes c’est Toi
l’Omniscient, le Sage." (Sourate 2, al-Baqara: 32)

L’homme est une créature faible que Dieu a
créée à partir de rien et dont tous les pouvoirs proviennent
de dons généreux de la Bonté de Dieu.
Quand on réalise la sagesse sans fin, le pouvoir et la
connaissance illimités de Dieu, on ne peut penser
avoir acquis des qualités par nous-mêmes. La fierté
fait oublier cette réalité et devenir arrogant et peu
sincère. Ce qui convient mieux à un vrai croyant est
de ne jamais considérer ses succès comme venant de
lui, même s’il est le plus capable et le plus intelligent
des hommes ayant jamais mis le pied sur terre.
L’arrogance ne doit jamais le saisir. S’il reconnaît ses
faiblesses et fait preuve de sincérité, Dieu lui accordera
des faveurs encore plus grandes et lui fera
obtenir Son consentement, Sa compassion et entrer
au Paradis. Mais la plupart des gens oublie que cette
vie terrestre n’est qu’un test. Ils se tournent vers
Dieu pendant les périodes d’affliction, et ne sont pas
reconnaissants quand des bienfaits leur sont accordés.
Ils commettent aussi une grande erreur en
croyant qu’ils sont à l’origine de ces bienfaits et que
leur succès leur est dû:

Quand un malheur touche l’homme, il Nous
invoque. Quand ensuite Nous lui accordons une
faveur de Notre part, il dit: "Je ne la dois qu’à ma
science." C’est une épreuve, plutôt; mais la plupart
d’entre eux ne savent pas. (Sourate 39, az-
Zumar: 49)

Une personne victime de son arrogance cherchera
à diriger les autres, son ego le conduira à être
ambitieux lorsqu’il accomplit du bien et des actions
pieuses et détériorera sa sincérité en trouvant des
excuses qui semblent raisonnables. Said Nursi écrit:
D’ailleurs la sincérité et l’adhésion à la vérité nécessitent
que l’on désire que les musulmans profitent des
autres. Penser ‘Laissons-les prendre des leçons de moimême
afin que je remporte la récompense’ est une ruse
de l’âme et de l’ego.33
Certaines personnes veulent se mettre en avant
sans prendre en compte la qualité du résultat ou les
bénéfices rapportés. Cette attitude, gouvernée par le
désir de diriger et l’arrogance, détruit complètement
la sincérité.
Bediuzzaman a dit également: "En pensant
‘Laissez-moi gagner cette récompense, laissez-moi guider
ces gens, laissez-les m’écouter’, il adopte une position de
rivalité envers le véritable frère qui lui fait face et qui a un
réel besoin de son amour, de son assistance, de sa fraternité
et de son aide. En se disant ‘Pourquoi mes élèves vont
le voir? Pourquoi n’ai-je pas autant d’élèves que lui?’ il
devient la proie de l’égoïsme, penche vers la maladie chronique
de l’ambition, perd toute sincérité, et ouvre la porte
à l’hypocrisie."34
Un homme irritable considère ses frères musulmans
comme ses rivaux et ne pas vouloir qu’un
autre endosse d’importantes responsabilités, et
achève ses tâches avec succès, mais cela signifie qu’il
ne souhaite pas qu’un autre accède aux récompenses
du Paradis. L’attitude la plus noble selon le
Coran, qui est la plus sincère, est de laisser les autres
gagner l’accès du Paradis et de les encourager à
accomplir des tâches qui plaisent à Dieu.
Un musulman devrait souhaiter que les autres
gagnent les récompenses du Paradis et s’occupent
de nobles tâches menant aux faveurs de l’Au-delà,
tout comme il souhaite accomplir des actions
pieuses pour son propre bénéfice. Transformer une
bonne action en action accomplie au nom d’une
ambition terrestre, en disant "Je suis la personne la
plus qualifiée pour faire ce travail", "Laissons-les
voir combien je suis bon pour m’occuper de ce travail,
et comprendre combien supérieures sont mes
qualités", "Je me chargerai de ce travail afin d’acquérir
un statut et du prestige parmi les croyants",
n’est pas en conformité avec la sincérité. Il faut plutôt
préférer son frère et faire remarquer qu’il possède
aussi des qualités lui permettant de mettre en
pratique une bonne moralité et d’agir sincèrement.
Afin de vaincre l’arrogance et l’ambition de l’autorité,
Bediuzzaman Said Nursi donna la recommandation
suivante:
La cure et le remède à cette maladie sérieuse est d’être
fier de la compagnie de tous ceux cheminant sur la voie
de la vérité, en conformité avec le principe de l’amour
pour Dieu; de les suivre et de se soumettre à leur direction;
et de considérer quiconque suivant le chemin de
Dieu comme probablement meilleur que soi, et ainsi casser
l’ego et retrouver la sincérité. Le salut doit aussi se
trouver dans cette maladie en sachant qu’une poignée
d’actions accomplies sincèrement est préférable à une
tonne accomplie sans sincérité, et en préférant le statut
d’un disciple à celui d’un leader, avec tout le danger et
la responsabilité que cela implique. Ainsi, la sincérité
s’acquiert et ses tâches pour préparer l’Au-delà peuvent
être correctement accomplies.35
Par ces paroles, Said Nursi a de nouveau souligné
l’importance de la sincérité, et rappelé aux
croyants que ceux qui visent à vivre au Paradis doivent
se purifier des sentiments d’égoïsme, comme
l’ego, la rivalité, et l’ambition à diriger. Il a aussi mis
en évidence l’importance de donner la préférence à
un autre croyant lui permettant d’accomplir un acte
de sincérité, de diriger ou d’être satisfait de ses
talents afin de prendre conscience que les autres
peuvent être supérieurs à soi et l’accepter.

S’abstenir de l’hypocrisie

L’hypocrisie est une de ces tendances encouragée
par l’âme alors qu’elle est contraire aux lois du
Coran. Elle signifie que ce que pense une personne
en elle-même diffère de ce qu’elle montre d’elle. Elle
est fausse et fait preuve de vice. Le fait qu’une personne
puisse se comporter aussi peu sincèrement et
adopter deux caractères différents, à l’intérieur et à
l’extérieur, indique qu’elle n’a pas encore complètement
saisi la signification de la foi ou apprécié
l’étendue de la puissance et de la sagesse de Dieu.
Dieu entoure toute chose, connaît le secret des
secrets, entend les pensées dans les esprits des gens,
et les voit où qu’ils se trouvent. Si quelqu’un cache
ses vrais sentiments et s’efforce de se montrer sous
un autre jour, alors il a oublié ces attributs de Dieu.
Et si cette personne peut tromper les gens par son
comportement ou ses paroles, Dieu sait ce qu’elle cache dans son coeur.
Celui qui craint Dieu devrait éviter de Lui
déplaire. Les gens peuvent faire l’éloge de quelqu’un
en le jugeant sur son comportement extérieur
hypocrite, mais il ne gagnera aucune faveur dans
l’Au-delà. On doit toujours garder à l’esprit que les bénéfices gagnés dans cette vie sont insignifiants comparés à ceux gagnés dans l’Au-delà:

... La vie présente vous plait-elle plus que l’Audelà?
Or, la jouissance de la vie présente ne sera
que peu de chose, comparée à l’Au-delà! (Sourate
9, at-Tawba: 38)

Un hypocrite est prétentieux et peu sincère. Par
la volonté de Dieu, les vrais croyants peuvent détecter
de telles caractéristiques. En particulier les prophètes
de Dieu, aidés par une science venant de Lui,
étaient capables de reconnaître ceux qui cachaient
leurs véritables pensées en agissant hypocritement,
et qui affichaient une identité différente de leur véritable
identité. Même d’ils peuvent tromper les vrais
croyants, Dieu connaît leur comportement faux et
affecté, entend toutes leurs paroles, et voit toutes
leurs actions:

Il sait ce qui est dans les cieux et la terre, et il sait
ce que vous cachez ainsi que ce que vous divulguez.
Et Dieu connaît bien le contenu des poitrines.
(Sourate 64, at-Taghabun: 4)

Un véritable croyant n’a pas besoin d’user d’hypocrisie
pour faire se faire accepter ou aimer des
gens car c’est Dieu qui place l’amour entre les gens.
Il est dans la nature de tous les croyants de soutenir
et d’aimer celui qui s’efforce de gagner le consentement
de Dieu et qui est sincère, honnête et vrai.
Obtenir le consentement de Dieu a pour conséquence
de gagner aussi le consentement des vrais
croyants. Cependant, toute action réalisée seulement
pour gagner le consentement des gens est sans
valeur pour gagner le consentement de Dieu.
Pour cette raison, on ne doit pas écouter les incitations
de notre âme. On doit se purifier de tout type
de pensée et d’attitude hypocrite afin de devenir
sincère.

Abandonner l’ambition d’acquérir de
l’autorité et une bonne position

Accorder trop d’importance à l’autorité, le statut
social ou la réputation, valeurs qui n’ont aucune
signification dans l’Au-delà, empêche les gens de
viser uniquement à gagner le consentement de Dieu
et de faire des efforts pour atteindre le Paradis. Dieu
annonce que la supériorité entre les humains sera
déterminée par leur piété:

Ô hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et
d’une femelle, et Nous avons fait de vous des
nations et des tribus, pour que vous vous entre
connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès
de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes
Omniscient et Grand- Connaisseur. (Sourate 49,
al-Hujurat: 13)

Dans un de ses travaux, Bediuzzaman Said
Nursi affirme ainsi ce fait: "[Le second obstacle détruisant
la sincérité] est de flatter l’ego et de donner un grand
statut à l’âme ordonnant le mal en attirant l’attention sur
soi ainsi que les acclamations publiques, conduit par le
désir de renommée, de célébrité et de situation. C’est une
maladie spirituelle sérieuse, qui ouvre aussi la porte à
l’hypocrisie et à l’égocentrisme, appelée ‘l’association
cachée de partenaires à Dieu’, et qui endommage la sincérité"
36
Croire que celui qui possède l’autorité est supérieur
est plutôt courant dans les sociétés ignorantes.
Mais tout vrai croyant qui saisit la signification de la
foi ne devrait en aucun cas suivre les insinuations de
son âme. Il devrait plutôt rechercher à atteindre la
supériorité par sa sincérité. Celui qui purifie son
âme de ces désirs gagnera une autorité bien supérieure
à celle de ce monde. Il recevra honneur et respect:

Si vous évitez les grands péchés qui vous sont
interdits, Nous effacerons vos méfaits de votre
compte, et Nous vous ferons entrer dans un
endroit honorable (le Paradis). (Sourate 4, an-
Nisa’: 31)

Pour mériter un tel endroit honorable, le
croyant doit comprendre la vérité suivante:

Quiconque veut la puissance, qu’il la cherche
auprès de Dieu car la puissance tout entière est à
Dieu: vers Lui monte la bonne parole, et Il élève
haut la bonne action… (Sourate 35, Fatir: 10)

Dieu est le Seul qui possède l’honneur et il l’accorde
à celui qui accomplit sincèrement de bonnes
actions.
Bediuzzaman Said Nursi souligne l’insignifiance
de l’autorité de ce monde, comme le statut et la
réputation, comparée à l’endroit honorable de l’Audelà.
Il cite un verset de Dieu qui dit "et ne vendez
pas Mes signes pour un vil prix", et énonce:

Nous avons un besoin extrême d’inculquer la sincérité
en nous-mêmes. Autrement, ce que nous avons accompli
jusqu’ici dans notre service sacré sera en partie
perdu, et ne se conservera pas; et nous en serons tenus
responsables. Nous devons manifester la menace sévère
contenue dans l’interdit divin "et ne vendez pas Mes
signes pour un vil prix" (Sourate 2, al-Baqara: 41)

et ne pas détruire la sincérité, et ainsi nuire au bonheur
éternel au nom de sentiments insensés, inutiles, nuisibles,
tristes, égoïstes, fatigants et hypocrites, et au
nom de bénéfices insignifiants. Et en faisant cela, on
violerait tous les droits de nos frères, on transgresserait
le devoir de servir le Coran, et on serait irrespectueux
envers le caractère sacré des vérités de la foi.37
Ce désir d’acquérir un statut et de l’autorité
empêche d’être sincère dans ses actions et amène à
devenir malhonnête. Viser le consentement de Dieu
et une récompense céleste d’un côté, ainsi que l’honneur
et la réputation dans cette vie peut invalider ses
actions par mégarde. Tout vrai croyant devrait tenir
compte des rappels du Coran, et purifier son âme des
désirs d’acquérir réputation et honneur. Il devrait
tenter de gagner la gloire et l’honneur avec Dieu.
Accumuler des biens jusqu’à la fin de sa vie est
un effort inutile. Aucune récompense n’en sera retirée:

La course aux richesses vous distrait, jusqu’à
ce que vous visitiez les tombes. (Sourate 102, at-
Takathur: 1-2)

Il ne faut pas chercher à satisfaire les désirs
futiles de l’âme mais plutôt se purifier du mauvais
côté de son âme tant qu’il est encore temps et rechercher,
par la sincérité, à atteindre un niveau de moralité
consenti par Dieu.

Ne pas s’inquiéter pour ses biens ou
pour sa vie

L’âme corrompue est passionnément attachée
aux objets matériels et à son propre physique et
encourage à être toujours plus ambitieux dans ces
domaines. Pourtant, tout cela n’est qu’un test pour
les humains:

Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos
personnes... (Sourate 3, Al ‘Imran: 186)

Dieu annonce la bonne nouvelle du Paradis à
ceux qui préfèrent sacrifier leurs biens terrestres
pour gagner Son assentiment, au lieu de les rechercher
avec obsession. Il informe l’humanité que c’est
la seule manière d’atteindre le bonheur et le succès:

Certes, Dieu a acheté aux croyants leurs personnes
et leurs biens en échange du Paradis. Ils
combattent dans le sentier de Dieu: ils tuent, et
ils se font tuer. C’est une promesse authentique
qu’Il a prise sur Lui-même dans la Thora,
l’Evangile et le Coran. Et qui est plus fidèle que
Dieu à son engagement? Réjouissez-vous donc
de l’échange que vous avez fait: Et c’est là le très
grand succès. (Sourate 9, at-Tawba: 111)

L’âme incitera certainement l’homme à rechercher
les biens de ce monde, mais un croyant qui
connaît la promesse faite par Dieu ne peut en aucun
cas s’incliner devant son âme car tout ce qui orne
cette vie ne peut égaler les bienfaits éternels de l’Audelà.
Dieu révèle aux hommes: "Réjouissez-vous
des affaires que vous avez conclues." Les humains
sont destinés à profiter des bienfaits de ce monde
pendant un court laps de temps. Au moment de la
mort, il faut quitter son corps et tout ce que l’on possède
dans cette vie. Les bienfaits accordés par Dieu
dans l’Au-delà sont les seuls succès et bonheur.
Bediuzzaman explique qu’on peut être profondément
attaché aux biens de cette vie et finir par
comprendre la vérité:
Ainsi, il y a chez l’homme des milliers d’émotions, dont chacune a deux degrés, un métaphorique et l’autre vrai.
Par exemple, l’émotion d’anxiété pour le futur est présente
chez tout le monde. Alors une personne est
anxieuse pour le futur, mais elle voit qu’elle ne possède
rien pour garantir qu’elle atteindra ce futur. Aussi, en ce qui concerne sa subsistance, il y a une promesse pour
cela, et le futur est bref et ne vaut pas une telle inquiétude.
Elle se détourne donc du futur pour se tourner
vers le vrai futur Au-delà de la tombe, qui durera éternellement
et pour lequel, pour les insouciants, il n’y a
pas de promesse.38
Dans le même ouvrage, Bediuzzaman Said
Nursi fait remarquer la futilité de l’homme qui se
passionne pour le matériels et pour sa propre personne:
"L’homme montre également une forte ambition
pour les biens et la position sociale, puis il voit que la propriété
transitoire qui a été placée temporairement sous sa
direction, et que la renommée et la position sociale, qui
sont dangereuses et mènent à l’hypocrisie, ne valent pas
une telle ambition. Il s’en détourne pour se tourner vers
les rangs et les degrés spirituels plus proches de Dieu, qui
constituent les véritables rangs, et vers les dispositions
pour l’Au-delà, et les bons travaux qui sont les vrais
biens. L’ambition métaphorique, qui est une mauvaise
qualité, est transformée en vraie ambition, une qualité
élevée."39
S’inquiéter pour ses biens et pour sa vie ne permet
pas d’approcher Dieu avec un coeur sincère et
de se soumettre convenablement à Lui. Ces passions,
qui sont cachées profondément dans son âme,
dirigeront furtivement l’homme et le feront agir
pour son propre gain plutôt que pour le consentement
de Dieu. Par exemple, quand il rencontre quelqu’un
dans le besoin, il préfère sécuriser son propre
bénéfice plutôt que de faire l’aumône et soutenir le
nécessiteux. Mais Dieu a informé que se priver pour
donner aux nécessiteux est plus représentatif de la
sincérité:

Il appartient également à ceux qui, avant eux, se
sont installés dans le pays et dans la foi, qui
aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent
dans leurs coeurs aucune envie pour ce que
ces immigrés ont reçu, et qui les préfèrent à euxmêmes,
même s’il y a pénurie chez eux.
Quiconque se prémunit contre sa propre avarice,
ceux-là sont ceux qui réussissent. (Sourate 59, al-
Hashr: 9)

De la même manière, les désirs personnels éclipseront
le souci de gagner le consentement de Dieu et
n’apporteront que disgrâce:

Dis: "Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos
épouses, vos clans, les biens que vous gagnez, le
négoce dont vous craignez le déclin et les
demeures qui vous sont agréables, vous sont plus
chers que Dieu, Son messager et la lutte dans le
sentier de Dieu, alors attendez que Dieu fasse
venir Son ordre. Et Dieu ne guide pas les gens
pervers." (Sourate 9, at-Tawba: 24)

Les richesses ne seront d’aucune utilité dans
l’Au-delà:

Et à rien ne lui serviront ses richesses quand il
sera jeté au Feu. (Sourate 92, al-Layl: 11)

Seuls les sincères seront récompensés par des
bienfaits éternels et infinis:

Alors qu’en sera écarté le pieux, qui donne ses
biens pour se purifier et auprès de qui personne
ne profite d’un bienfait intéressé, mais seulement
pour la recherche de La Face de son seigneur
le Très- Haut. Et certes, il sera bientôt satisfait!
(Sourate 92, al-Layl: 17-21)

Le Coran nous montre que ceux qui se font
autant de souci pour leurs vies que pour leur riches-
se perdent leur sincérité, et deviennent incapables
de gagner le consentement de Dieu. Quand le
Prophète ((sur lui la grâce et la paix)) invita les gens
à combattre de leur personne pour l’amour de Dieu,
certains dirent:

Si nous avions pu, nous serions sortis en votre
compagnie. (Sourate 9, at-Tawba: 42)

Et d’autres:

Ne partez pas au combat pendant cette chaleur!
(Sourate 9, at-Tawba: 81)

Ils préférèrent protéger leurs propres personnes
en inventant de telles excuses, certains allant même
jusqu’à jurer au nom de Dieu pour démontrer qu’ils
disaient la vérité. Mais Dieu connaît bien leurs mensonges,
et sait qu’ils n’étaient pas sincères. Au
contraire, le vrai croyant est sincère:

Mais le Messager et ceux qui ont cru avec lui ont
lutté avec leurs biens et leurs personnes. Ceux-là
auront les bonnes choses et ce sont eux qui réussiront.
(Sourate 9, at-Tawba: 88)

Les croyants doivent faire des efforts avec leurs
biens et leurs personnes pour gagner le consentement
de Dieu et Il leur accordera un plus haut degré
auprès de Lui:

Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent
chez eux - sauf ceux qui ont quelque infirmité - et
ceux qui luttent corps et biens dans le sentier de
Dieu. Dieu donne à ceux qui luttent corps et
biens un grade d’excellence sur ceux qui restent
chez eux. Et à chacun, Dieu a promis la meilleure
récompense; et Dieu a mis les combattants audessus
des non combattants en leur accordant
une rétribution immense. (Sourate 4, an-Nisa’:
95)

dimanche 11 avril 2010 à 04:38

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