LES MOYENS DE
PARVENIR A LA SINCERITE

Dans les chapitres précédents, nous
avons expliqué l’importance de la sincérité
aussi bien que les caractéristiques
des croyants sincères à la lumière du Coran.
N’importe quel vrai croyant, souhaitant gagner l’approbation
de Dieu et être comblé des bienfaits éternels
du Paradis, devrait accorder une attention particulière
à ces versets tout au long de sa vie, et vivre
en conformité avec la moralité du Coran, afin d’atteindre
la sincérité. Pour cela, il faut se tourner vers
Dieu avec un coeur sincère, et s’efforcer de ne gagner
que le consentement de Dieu. Il faut être extrêmement
attentif à toutes les influences négatives qui
peuvent nuire à sa pureté car nous savons que Satan
lutte continuellement, grâce à de nombreuses ruses,
pour éloigner les gens du Droit Chemin.
Il faut garder à l’esprit que l’on peut endommager
sa sincérité par certaines actions accomplies par
habitude, ou par des comportements acquis au
contact de notre entourage. Il faut donc être attentif
à ses intentions, et prononcer chaque parole, accom48
plir chaque mouvement uniquement pour Dieu. Et
cela n’est pas une chose insurmontable.
La pureté, l’honnêteté et la dévotion continue à
Dieu sont des caractéristiques qui peuvent être obtenues
sans grande difficulté. Notre Seigneur nous a
soutenu avec Ses prophètes et ses croyants pieux, et
nous a montré, dans le Coran, comment acquérir la
sincérité. Les savants musulmans ont aussi accordé
une grande importance à la sincérité, et utilisé leurs
travaux pour inviter les vrais croyants à se tourner
vers Dieu.
Les travaux de Bediuzzaman Said Nursi, savant
renommé, jouent un rôle important en guidant les
musulmans qui s’efforcent d’atteindre la sincérité.
Bediuzzaman a souligné en particulier le besoin de
la purification de soi, et présenté des recommandations
critiques aux vrais croyants:
Ô mes frères de l’Au-delà! Et Ô mes compagnons au
service du Coran! Vous devez savoir – et vous savez –
qu’en ce monde, la sincérité est le principe le plus
important à l’oeuvre se rapportant à l’Au-delà; c’est la
plus grande force, et l’intercesseur le plus acceptable, et
le point de support le plus ferme, et le chemin le plus
court vers la réalité, et la prière la plus acceptable, et le
moyen le plus merveilleux d’atteindre son but, et la plus
grande qualité, et l’adoration la plus pure.5
La sincérité est la caractéristique primordiale
que l’on doit posséder afin de servir Dieu le mieux
possible. Le Coran nous dit:

Nous t’avons fait descendre le Livre en toute vérité.
Adore donc Dieu en Lui vouant un culte exclusif.
C’est à Dieu qu’appartient la religion pure…
(Sourate 39, az-Zumar: 2-3)

La vraie religion ne peut se vivre qu’en servant
Dieu et en Lui obéissant sincèrement. Bediuzzaman
Said Nursi affirme qu’on doit acquérir la sincérité
afin d’obtenir le mérité de ses actions en présence de
Dieu:
... Puisque dans la sincérité repose une grande force et
de nombreuses lumières... nous sommes certainement
contraints, plus que quiconque, de travailler avec toute
notre force pour gagner cette sincérité. Nous avons
absolument besoin de nous inculquer la sincérité.
Autrement, ce que nous avons accompli jusqu’ici dans
notre service sacré sera en partie perdu, et ne persistera
pas; et nous serons tenus pour responsables.6
Dans le Coran, Dieu nous indique comment
acquérir une foi et une sincérité non corrompues. De
plus, chaque homme a été créé avec la capacité de
comprendre, d’éprouver et d’augmenter sa sincérité
et son authenticité. Notre conscience peut nous amener
à la sincérité et nous permettre de comprendre
ce qui est sincère et ce qui ne l’est pas, en nous purifiant
de toutes les attitudes qui entravent la sincéri50
té et en nous tournant vers Dieu avec un coeur honnête.
On doit donc se rendre compte que notre
conscience est un guide divin. On ne doit pas se
chercher des excuses du genre: "Je ne savais pas
quelle approche était la plus sincère", "Je ne pouvais
pas deviner que ce comportement nuirait à ma sincérité",
"Je pensais que j’étais sincère et authentique",
etc. On devrait toujours garder à l’esprit que
ces excuses ne sont pas sincères et qu’elles servent
uniquement à avoir bonne conscience. Il devient
alors assez simple, si on écoute sa conscience, d’atteindre
la sincérité et de la conserver jusqu’au Jour
du Jugement.
Dans ce chapitre, nous aborderons différents
"moyens d’atteindre la sincérité", tels qu’ils sont
exposés dans les versets du Coran, et qui nous viennent
continuellement et inconsciemment à l’esprit.
Nous en citerons des exemples de la vie quotidienne
et nous verrons les attitudes qui empêchent
d’être sincère, et combien il est simple de l’être.

La sincérité renforce les vrais croyants

Afin d’éprouver une vraie sincérité, il faut avant
tout comprendre pourquoi la sincérité est importante
et avoir un profond désir d’atteindre un tel niveau
de foi car toute personne qui n’en saisit pas l’importance
peut alors rechercher la puissance et le pou-
voir en ce monde afin d’atteindre un prestige social.
Une telle personne recherche obstinément la renommée,
la réputation, la gloire, la richesse, la beauté,
des références universitaires et d’autres honneurs.
Pourtant, rien de tout cela ne peut accorder la vraie
puissance et la véritable estime, ni dans ce monde ni
dans l’Au-delà. Bediuzzaman Said Nursi rappelle
aux vrais croyants que le pouvoir, dans ce monde et
le prochain, ne peut s’obtenir que par la sincérité:
"Vous devez savoir que toute votre force repose dans la
sincérité et la vérité. Même ceux qui ont tort gagnent de
la force de leur sincérité dans leurs méfaits. La preuve que
la force repose dans la vérité et la sincérité est ce service.
Une petite quantité de sincérité dans notre travail prouve
cette affirmation et est une preuve en soi"7. Par conséquent,
oublier ce principe et courir après le matériel
ne permet pas de gagner le consentement le Dieu.
Imaginons par exemple qu’une tâche importante
soit divisée entre quatre ou cinq musulmans.
Imaginons aussi que l’un d’entre eux soit chargé
d’un travail apparemment sans importance mais qui
peut néanmoins être difficile à accomplir, tandis que
les autres sont chargés de travaux de premier plan
qui attirent directement l’attention et les éloges. Si la
première personne refuse d’accomplir sa tâche pour
la seule raison qu’elle restera dans l’ombre et ne
recevra aucun éloge, et qu’elle souhaite accomplir
un travail qui procure plus de reconnaissance et de
respect, alors elle empiétera sur sa sincérité. Elle se
sera vraisemblablement laissée entraîner par des
pensées non sincères, comme "Même si je déploie
d’énormes efforts, mon nom ne sera finalement pas
mentionné. Qui plus est, les autres gagneront plus
de mérite en travaillant moins que moi". Pourtant,
l’attitude la plus noble dans une telle situation,
serait de ne travailler que pour obtenir la reconnaissance
de Dieu et pour rechercher Son consentement.
Si le travail apporte un bénéfice, il n’est d’aucune
importance de savoir qui y participe. Même si on
n’acquière pas la reconnaissance des autres et qu’on
reste inconnu, on doit saisir l’opportunité de gagner
le consentement de Dieu. Voilà ce qu’implique un
comportement sincère.
En agissant sincèrement, on ne gagne pas uniquement
le bonheur et la tranquillité d’esprit dans
ce monde, mais on peut aussi espérer une grande
récompense dans l’Au-delà. Une telle personne ne
dépend pas de ses possessions terrestres, de son
autorité, de ses biens ou de sa richesse ou de l’estime
qu’on lui accorde, mais elle dépend entièrement
de Dieu, et donc de sa foi, de son intelligence, de sa
conscience et de sa sincérité. Dieu aide toujours ceux
qui se tournent vers Lui avec une dévotion pure:

... Dieu soutient, certes, ceux qui soutiennent Sa
religion. Dieu est assurément Fort et Puissant.
(Sourate 22, al-Hajj: 40)

Ainsi, aucune force ne peut vaincre la foi et la
sincérité. Et cette sincérité nous assure de gagner
l’assistance et le soutien de Dieu.

Augmenter sa crainte de Dieu

La crainte de Dieu est la voie fondamentale
pour augmenter sa sincérité. On doit se consacrer à
Dieu avec un profond amour après avoir compris Sa
grandeur, qu’il n’y a aucune autre force en dehors
de Lui, qu’Il a créé l’univers a partir de rien et qu’Il
protège les êtres vivants avec compassion. On comprend
ainsi que notre seul véritable ami, à la fois
dans ce monde et dans l’Au-delà, c’est Dieu. Son
consentement est donc la seule approbation à
rechercher. En plus de ce profond amour, on doit
craindre profondément Dieu:

…Et craignez Dieu. Et sachez que c’est vers Lui
que vous serez rassemblés. (Sourate 2, al-Baqara:
203)

La crainte de Dieu résulte de la compréhension
et de la reconnaissance de Sa grandeur et de Sa puissance.
Quelqu’un qui comprend l’éminence de l’autorité
de Dieu et de Sa puissance éternelle sait qu’il
aura à faire face à Son courroux et à Son châtiment,
qui font partie de la justice divine, s’il échoue à
mener une vie se conformant à Ses souhaits. Les
tourments préparés par Dieu dans la vie de ce
monde et dans l’Au-delà pour ceux qui Le renient
sont détaillés dans les versets du Coran, et nous
sommes tous mis en garde. Tout vrai croyant est
toujours conscient de cela. La crainte de Dieu permet
de se souvenir continuellement que cette vie
terrestre va se terminer tôt ou tard, et que tout le
monde devra rendre des comptes, en présence de
Dieu, pour ses actions. Ainsi, il a toujours conscience
des tourments encourus. Cette conscience lui fait
ressentir une crainte inhérente au châtiment de
Dieu, et il s’efforce donc de s’en protéger.
Il refuse constamment d’agir en désaccord avec
ce qu’ordonne et approuve Dieu, et se protège en
accomplissant convenablement tout ce qu’Il ordonne.
Un homme sincère, qui craint Dieu et qui est
prudent, est conscient de ce qui déplait à Dieu et des
moyen de l’éviter. Par exemple, s’il se rend compte
que le mauvais côté de son âme est attiré par les possessions
terrestres, il placera toute sa richesse et tout
son pouvoir dans une noble cause pour l’amour de
Dieu, afin de se débarrasser de ce penchant. Voilà la
véritable moralité en accord avec la sincérité.
Quelqu’un désirant être sincère doit se rappeler
immédiatement les ordres de Dieu pour "dépenser
dans le chemin de Dieu" et "craindre Dieu autant
que l’on peut" afin de se retenir de tout comporte-
ment qui Lui est déplaisant. Comme Dieu l’ordonne,
il doit dépenser dans Son chemin, sans tenir
compte des tentations du mauvais côté de son âme:

La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos
visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la
bonté pieuse est de croire en Dieu, au Jour dernier,
aux Anges, au Livre et aux prophètes, de
donner de son bien, quelque amour qu’on en ait,
aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux
voyageurs indigents et à ceux qui demandent
l’aide et pour délier les jougs, d’accomplir la
Salat et d’acquitter la Zakat. Et ceux qui remplissent
leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés,
ceux qui sont endurants dans la misère, la
maladie et quand les combats font rage, voilà les
véridiques et voilà les vrais pieux! (Sourate 2, al-
Baqara: 177)

Dieu conseille aux gens de Le craindre autant
qu’ils le peuvent:

Craignez Dieu, donc autant que vous pouvez,
écoutez, obéissez et faites largesses. (Sourate 64,
at-Taghabun: 16)

En accord avec ce verset, un croyant n’est jamais
satisfait du niveau de sa foi et essaye toujours d’augmenter
la crainte de Dieu dans son coeur. Le Coran
fait référence à ceux qui vivent dans la crainte de
leur Seigneur:

Ceux qui redoutent leur Seigneur bien qu’ils ne
L’aient jamais vu auront un pardon et une grande
récompense. (Sourate 67, al-Mulk: 12)
…. Redoutent leur Seigneur et craignent une malheureuse
reddition de compte. (Sourate 13, ar-
Ra’d: 21)

La crainte de Dieu et la sincérité grandissent
ensemble. Les vrais croyants essayent de craindre
Dieu autant qu’ils le peuvent, en conformité avec le
verset mentionné ci-dessus. Ces efforts font partie
intégrante de la sincérité. Et les croyants sont
capables de Le craindre comme il se doit:

Ô les croyants! Craignez Dieu comme Il doit être
craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission.
(Sourate 3, al ‘Imran: 102)

La gravité et la sensibilité apportées par l’augmentation
de la crainte de Dieu fait qu’une personne
devient encore plus sincère et plus prudente. De
plus, saisira les opportunités de se rapprocher de
Dieu:

Ô les croyants! Craignez Dieu, cherchez le moyen
de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause.
Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent!
(Sourate 5, al-Ma’ida: 35)

Une personne qui craint profondément Dieu ne
peut en aucun cas laisser jamais passer une opportu-
nité d’adorer Dieu et d’agir en conformité avec les
préceptes du Coran. Elle n’oublie jamais que Dieu
l’entend et la voit en permanence et n’importe où,
qu’elle soit seule ou entourée par une immense foule.
Elle agit avec la conscience d’encourir le châtiment
de Dieu si elle n’adopte pas le meilleur comportement.
Avec cette crainte, sa compréhension est continuellement
renforcée. Ainsi, elle ne sacrifie jamais la
moindre part de sa sincérité, puisqu’elle se rappelle
toujours la menace de l’Enfer au cours de sa vie.

Ne craindre personne à part Dieu

Une des responsabilités de tout vrai croyant est
d’être conscient de la vérité révélée dans le verset
suivant, et d’atteindre un niveau de foi suffisant
pour "honorer Dieu avec l’honneur qui Lui est dû":

Ils n’ont pas estimé Dieu comme Il devrait l’être
alors qu’au Jour de la Résurrection, Il fera de la
terre entière une poignée, et les cieux seront pliés
dans Sa main droite. Gloire à Lui! Il est au-dessus
de ce qu’ils Lui associent. (Sourate 39, az-Zumar: 67)

Dieu ne peut être honoré que si Ses attributs
sont connus et Ses manifestations perçues et comprises
à chaque instant. On ne peut se réfréner et
atteindre une foi sincère que si l’on comprend vraiment
l’étendue de Sa grandeur.
On doit être conscient qu’il n’y a pas de force
plus importante que Dieu afin de L’honorer convenablement.
Ceux qui n’arrivent pas à apprécier
comme il se doit Dieu sont dupés par le clinquant de
ce monde et basent leur vie sur cette tromperie. Ils
ont tendance à accorder une importance démesurée
à ceux qui possèdent l’argent, le respect et l’autorité,
choses importantes selon les valeurs de ce monde.
Ils les jugent comme étant des gens de pouvoir et de
haut rang, avec la capacité de contrôler les autres
aussi bien que la vie elle-même. Par conséquent, ils
s’efforcent de gagner leur amour. Ils sont attentifs à
se protéger de leur courroux, et craignent de devenir
la cible du moindre mal qu’ils pourraient leur
infliger.
Certains de ces gens pourraient affirmer croire
en Dieu mais ils pensent pourtant que ceux qu’ils
admirent ont un quelconque pouvoir d’action indépendant,
en dehors de la volonté de Dieu. Cela peut
évidemment affecter la sincérité de leur adoration et
les amener à rechercher le consentement de ces gens
qu’ils respectent ou vénèrent. Il n’existe pourtant
aucun pouvoir de faire le bien ou le mal sans la permission
de Dieu:

Si tu leur demandais: "Qui a créé les cieux et la
terre? ", ils diraient assurément: "Dieu." Dis:
"Voyez-vous ceux que vous invoquez en dehors
de Dieu; si Dieu me voulait du mal, est-ce que ces
divinités pourraient dissiper Son mal? Ou s’Il me
voulait une miséricorde, pourraient-elles retenir
Sa miséricorde?" - Dis: "Dieu me suffit: c’est en
Lui que placent leur confiance ceux qui cherchent
un appui." (Sourate 39, az-Zumar: 38)

… Dis: "Qui donc peut quelque chose pour vous
auprès de Dieu s’Il veut vous faire du mal ou s’Il
veut vous faire du bien? Mais Dieu est
Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.
(Sourate 48, al-Fath: 11)

Dieu rappelle à l’humanité de ne craindre
que Lui:

... Ne les craignez donc pas, mais craignez-Moi
pour que Je parachève Mon bienfait à votre
égard, et que vous soyez bien guidés! (Sourate 2,
al-Baqara: 150)

Les prophètes avaient ce niveau de moralité,
cette foi et cette sincérité pures. Dans le Coran, il est
souligné que les prophètes ne craignaient personne
à part Dieu:

Ceux qui communiquaient les messages de Dieu,
Le craignaient et ne redoutaient nul autre que
Dieu. Et Dieu suffit pour tenir le compte de tout.
(Sourate 33, al-Ahzab: 39)

Chaque humain qui honore Dieu comme il se
doit sait qu’il n’y a aucune force à part Dieu et ne
craint que Lui. Il sait que rien ne peut arriver sans
Son consentement et cela lui permet d’adorer continuellement
Dieu d’une manière pure, sincère et non
corrompue. S’il fait une bonne action ou réforme son
comportement, ce sera pour satisfaire Dieu et
gagner Sa compassion et éviter Son châtiment et non
par crainte des réactions d’autres personnes.
Par exemple, si on demande à des collègues de
faire un don à une fondation de charité, certains verront
l’opportunité d’agir en conformité avec la
morale du Coran donneront par crainte de Dieu,
alors que d’autres auront peur des remarques désobligeantes
de leurs collègues s’ils ne donnent pas. Ils
agissent à contrecoeur, ne voulant pas sincèrement
donner de l’argent mais se sentent obliger de le faire
pour ne pas décevoir les autres. Ces deux aumônes
n’auront évidemment pas les mêmes récompenses
en présence de Dieu. De telles personnes ont corrompu
leur sincérité et se sont écartées de la moralité
du Coran. Mais ceux qui agissent par crainte de
Dieu peuvent espérer être récompensés par Lui.
A l’inverse, prenons l’exemple d’un homme qui
a pris l’habitude d’user d’avantages malhonnêtes à
son bureau. Si le rappel de Dieu ne lui fait pas arrêter
ses actes mais qu’il les stoppe si on le menace de
dévoiler ses agissements à ses collègues, il sera alors
impossible d’affirmer qu’il est sincère. Il aura, en
apparence, arrêté ses actes immoraux mais il ne l’aura
pas fait par crainte de Dieu mais pour se protéger
du courroux de ses collègues. Cependant, il sera
toujours capable de faire amende honorable pour ce
qu’il a fait. S’il se repent sincèrement et se réforme,
il peut alors agir sincèrement. Il est très important,
pour quiconque souhaite agir sincèrement, d’être
vigilant dans sa vie de tous les jours. Pour atteindre
la sincérité, il faut se débarrasser de la crainte de
tout ce qui n’est pas Dieu.

Faire le maximum d’efforts pour le
consentement de Dieu

Quelqu’un qui souhaite se comporter sincèrement
quelles que soient les circonstances devrait
faire le maximum d’efforts pour obtenir le consentement
de Dieu:

… Concurrencez-vous donc dans les bonnes
oeuvres. C’est vers Dieu qu’est votre retour à
tous… (Sourate 5, al-Ma’ida: 48)

Ensuite, Nous fîmes héritiers du Livre ceux de
Nos serviteurs que Nous avons choisis. Il en est
parmi eux qui se font du tort à eux-mêmes,
d’autres qui se tiennent sur une voie moyenne, et
d’autres, avec la permission de Dieu, devancent
tous les autres par les bonnes actions; telle est la
grâce infinie. (Sourate 35, Fatir: 32)

Un musulman sincère s’efforce de se hâter pour
accomplir de bonnes actions. A chaque moment de
sa vie, il lutte pour agir selon des manières qui plaisent
à Dieu et devenir un de Ses serviteurs pieux.
Chacun est confronté, au cours de sa vie, à des
situations qui laissent plusieurs options à partir desquelles
il décide de sa façon de diriger ses affaires, et
de la moralité à adopter. Le choix dépend entièrement
de sa conscience. Un vrai croyant est extrêmement
prudent et attentif aux options qui sont incompatibles
avec les valeurs de la religion et les refuse
catégoriquement pour adopter un comportement
qu’il pense pouvoir satisfaire Dieu, lui permettre de
se rapprocher de Lui et d’obtenir la meilleure
récompense au Paradis. Sa capacité à obéir à sa
conscience lorsqu’il prend sa décision est ce qui lui
permet d’acquérir la sincérité. Dans le Coran, les
croyants qui sont devenus les premiers dans les
bonnes actions sont décrits de la manière suivante:

Ceux qui, de la crainte de leur Seigneur, sont
pénétrés, qui croient aux versets de leur
Seigneur, qui n’associent rien à leur Seigneur,
qui donnent ce qu’ils donnent, tandis que leurs
coeurs sont pleins de crainte [à la pensée] qu’ils
doivent retourner à leur Seigneur. Ceux-là se
précipitent vers les bonnes actions et sont les premiers
à les accomplir. (Sourate 23, al-Muminun:
57-61)

Même si l’on est confronté à des milliers d’alternatives,
il est simple de repérer celle qui plaît à Dieu.
Cette voie est claire et évidente pour celui cherche à
se rapprocher de Dieu et il perçoit tout ce qui lui
arrive avec les yeux de la foi. Par exemple, pour
choisir comment occuper sa journée, on peut choisir
de prendre part à des activités sportives ou de regarder
la télévision à la maison toute la journée. On
peut affirmer que ces activités plaisent à Dieu,
puisque le sport est important pour entretenir sa
santé tandis que la télévision est un moyen de se
cultiver. Assurément, faire du sport et regarder la
télévision sont des activités bénéfiques. Mais le vrai
croyant ne peut se contenter de ça. Il doit réaliser à
quel point la religion est combattue dans ce monde.
Des femmes sans défense, des personnes âgées et
des enfants se font tuer dans des pays musulmans,
simplement parce qu’ils disent "Notre Dieu est
Allah"; les combats, les guerres et la dégénérescence
morale se répandent. Il n’y a aucun doute que parler
aux autres de la perfection de la moralité du
Coran, et essayer d’être le moyen par lequel ils peuvent
atteindre leur récompense céleste dans l’Audelà,
seraient des activités préférables. C’est une
responsabilité qui doit être assumée par chaque
musulman. Ceux qui choisiront de s’occuper de
cette manière accompliront une action pieuse et ser64
viront leurs intérêts dans le prochain monde. Ils
gagneront également une récompense divine pour
avoir communiqué la religion en étant la cause du
salut pour les autres.
Dieu offre l’exemple suivant:

Ferez-vous de la charge de donner à boire aux
pèlerins et d’entretenir la Mosquée Sacrée des
devoirs comparables au mérite de celui qui croit
en Dieu et au Jour dernier et lutte dans le sentier
de Dieu? Ils ne sont pas égaux auprès de Dieu et
Dieu ne guide pas les gens injustes. Ceux qui ont
cru, qui ont émigré et qui ont lutté par leurs biens
et leurs personnes dans le sentier de Dieu, ont les
plus hauts rangs auprès de Dieu ... et ce sont eux
les victorieux. (Sourate 5, at-Tawba: 19-20)

Ces versets montrent que donner de l’eau aux
pèlerins ou entretenir la Mosquée Sacrée sont de
bonnes actions qui appellent le consentement de
Dieu mais il est préférable de faire plus si cela est
possible. Certains combattent en sacrifiant leurs
biens et leurs vies pour l’amour de Dieu. Il ne serait
pas sincère de préférer des actions moins louables
quand on pense qu’elles sont plus en conformité
avec la moralité du Coran. Cela suggère qu’il n’utilise
pas toute sa conscience, qu’il prend ses responsabilités
à la légère, et qu’il n’est inquiet que de son
confort et de sa sécurité. Mais les enseignements du
Coran nous indiquent de préférer l’opportunité de
gagner le consentement de Dieu à celle d’acquérir
les choses de ce monde, quelle que soit la difficulté
rencontrée. Voilà la véritable sincérité. De la même
manière, les actions pieuses offrent le consentement
de Dieu, Sa compassion et la récompense du
Paradis.

N’attendre de récompense que de Dieu

Quiconque désirant être sincère doit avoir
conscience du fait suivant: il ne doit attendre de
récompense pour ses actions terrestres que de Dieu.
Toute action réalisée en attendant une récompense
autre que le consentement de Dieu, Sa compassion
et une récompense divine, diminuera sa sincérité.
Une bonne action accomplie afin de gagner des
avantages matériels et sociaux plutôt qu’une récompense
venant de Dieu n’apportera que perte au lieu
d’un gain. Servir Dieu avec cet état d’esprit ne peut
permettre d’acquérir une véritable sincérité.
Cependant, toute action religieuse accomplie sans
corrompre ses intentions avec autre chose que
l’agrément de Dieu aboutira certainement à une
grande récompense divine.
Dans le verset suivant, Dieu annonce, aux
croyants qui font le bien, une grande récompense:

Certes, ce Coran guide vers ce qu’il y a de plus
droit, et il annonce aux croyants qui font de
bonnes oeuvres qu’ils auront une grande récompense
(Sourate 17, al-Isra’: 9)

Dieu nous informe dans un autre verset que
faire le bien sera récompensé doublement:

Et ceux d’entre vous qui sont entièrement soumis
à Dieu et à Son messager et qui font le bien, Nous
leur accorderons deux fois leur récompense, et
Nous avons préparé pour eux une généreuse
attribution. (Sourate 33, al-Ahzab: 31)

Dans ses travaux, Bediuzzaman Said Nursi
affirme que l’humanité ne peut réussir qu’en étant
sincère, et que les gens ne peuvent être sincères
qu’en recherchant le consentement de Dieu:
… C’est-à-dire que le seul moyen d’atteindre le salut et
la délivrance est la sincérité. Il est de la plus haute
importance d’accéder à la sincérité. L’acte le plus petit
accompli avec sincérité est préférable à des tonnes d’actions
accomplies sans sincérité. Une personne devrait
considérer que ce qui apporte la sincérité dans ses
actions est le fait de les accomplir simplement parce que
c’est un commandement divin et que le résultat est
l’agrément divin.8
Bediuzzaman souligne aussi le fait que l’affection
ressentie envers une personne ne sera sincère
que si l’on n’attend rien en retour excepté le consentement
de Dieu:
La sincérité se retrouve partout. Un peu d’amour sincère
est supérieur à des tonnes d’amour officiel pour lequel
on attend un retour. Quelqu’un a décrit cet amour sincère
comme suit: "Je ne veux pas de pot-de-vin, de
récompense, de retour ou de récompense pour l’amour,
car l’amour qui nécessite un prix en retour est faible et
de courte durée."9
Quiconque souhaitant être sincère devrait comprendre
pleinement cela. Ainsi, ses efforts deviendront
sincères et il sera alors capable d’atteindre le
consentement de Dieu, Sa compassion et une récompense
céleste.
Cependant, Satan essaye continuellement
d’égarer l’homme du droit chemin et de le diriger
vers la recherche de bénéfices autre que le consentement
de Dieu en nous soufflant des excuses du type
"Je travaille déjà à gagner le consentement de Dieu,
quel mal cela peut-il me faire si j’espère de petits
bénéfices personnels?", "Je gagnerai à la fois le
consentement de Dieu et le respect de la communauté",
"Je ferai une bonne action, mais ils m’en
devront une en retour", ou "Je vais faire un sacrifice,
mais j’espère que tout me sera remboursé" etc.
Chacune de ces pensées empêche d’être sincère et
d’accomplir des actions pieuses.
Bediuzzaman dit que la sincérité ne peut être
atteinte que si l’on est content et satisfait, au plus
profond de notre coeur, de ce que Dieu nous donne,
sans afficher ouvertement sa satisfaction car il sera
demandé des comptes sur les intentions de son
coeur en présence de Dieu:
On doit aussi prendre comme guide la qualité de préférer
les autres à soi-même, la même qualité des
Compagnons qui est louée dans le Coran. Par exemple,
quand on offre un cadeau ou que l’on effectue un acte de
charité, on devrait toujours préférer le bénéficiaire à soimême,
et sans exiger ou désirer, en son for intérieur,
toute récompense matérielle pour service religieux,
savoir que chaque acte est purement une grâce de Dieu
et ne pas imposer un sens d’obligation aux hommes.
Rien de terrestre ne doit être recherché en retour d’un
service religieux, car autrement la sincérité sera perdue.
Les hommes ont de nombreux droits et désirs, et peuvent
même mériter la taxe sociale (zakat). Mais elle ne
peut pas être exigée. Quand on reçoit quelque chose, on
ne peut pas dire que "c’est une récompense pour mon
service". On doit plutôt préférer à soi-même les autres
qui le méritent plus. On manifeste ainsi la signification
de " qui les préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie
chez eux" (Sourate al-Hashr: 9), on peut être sauvé
de ce terrible danger et atteindre la sincérité.10
Dans un autre de ses ouvrages, Bediuzzaman
souligne l’importance de recevoir toutes les récompenses
dans l’Au-delà en disant: "Ce monde est fait
pour le service, pas pour recevoir une rémunération. La
rémunération, les fruits, les lumières des actions pieuses
sont pour le prochain monde. Apporter ces fruits éternels
dans ce monde et souhaiter les avoir ici signifie rendre le
prochain monde dépendant de celui. Ainsi, la sincérité de
cette action pieuse est mise à mal, et sa lumière éteinte.
Oui, ces fruits ne sont pas désirés, voulus. Tout homme
récompensé doit remercier Dieu en pensant qu’il est
récompensé pour être encouragé."11
En réalité, toutes les récompenses autres que le
consentement de Dieu espérées par l’humanité
appartiennent à ce monde et représentent la préférence
de ce monde à l’Au-delà. Ceux qui prennent
plaisir aux bénéfices de ce monde peuvent en être
privées dans l’Au-delà. Tandis qu’une personne qui
accomplit des actions pieuses en recherchant à
acquérir le consentement de Dieu, et qui garde ses
intentions pures de toute corruption, se verra accorder
par Dieu des bénédictions dans ce monde et
dans l’Au-delà:

Quiconque, mâle ou femelle, qui fait une bonne
oeuvre tout en étant croyant, Nous lui ferons
vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons,
certes, en fonction des meilleures de leurs
actions. (Sourate 16, an-Nahl: 97)

Dans le Coran, de nombreux exemples soulignent
la moralité suprême des prophètes à cet
égard. On y apprend que les prophètes ont informé
leurs communautés qu’ils n’attendaient d’autre
récompense que le consentement de Dieu pour leur
service.

[Hud dit] Ô mon peuple, je ne vous demande pas
de salaire pour cela. Mon salaire n’incombe qu’à
Celui qui m’a créé. Ne raisonnez-vous pas?
(Sourate 11, Hud: 51)
[Noé dit] Ô mon peuple, je ne vous demande pas
de richesse en retour. Mon salaire n’incombe qu’à
Dieu. Je ne repousserai point ceux qui ont cru, ils
auront à rencontrer leur Seigneur. Mais je vous
trouve des gens ignorants. (Sourate 11, Hud: 29)

Bediuzzaman rappelle aussi que l’on ne peut
acquérir la sincérité qu’en voulant imiter la moralité
supérieure des prophètes:
… Plusieurs personnes peuvent être candidates pour la
même position; plusieurs mains peuvent se tendre pour
chaque récompense morale et matérielle qui est offerte.
De là surviennent les conflits et les rivalités; l’harmonie
se change en discorde, et l’entente en dispute. La cure et
le remède pour cette maladie effroyable est la sincérité.
La sincérité peut s’obtenir en préférant l’adoration de
Dieu à sa propre âme, en poussant le plaisir de Dieu à
triompher du plaisir de l’âme et de l’ego, manifestant
ainsi la signification du verset: "Mon salaire n’incombe
qu’à Dieu" (Sourate 11, Hud: 29)
; en renon-
çant aux récompenses matérielles et morales des
hommes et ainsi manifestant la signification du verset:
"Rien n’incombe au messager que de transmettre le
message." (Sourate 5, al-Ma’ida: 99)
; et en sachant
que des sujets tels que la bonne acceptation, faire une
impression favorable, et gagner l’attention des hommes
sont l’affaire de Dieu et une faveur venant de Lui, et
qu’ils ne jouent aucun rôle dans la transmission du
message, non plus qu’ils ne sont nécessaire pour cela, et
que nous ne sommes pas responsables de les gagner – en
sachant tout cela, une personne réussira à être sincère.
Autrement, cela s’évanouira.12

Se libérer du besoin d’avoir l’opinion
des autres et rechercher le consentement
de Dieu

Dans un de ses travaux traitant des conditions à
remplir pour être sincère, Bediuzzaman Said Nursi
souligne l’importance de se purifier du besoin d’être
accepté des autres et de ne rechercher que le consentement
de Dieu, en disant: "Vous devez rechercher le
plaisir divin dans vos actions. Si Dieu le Tout-Puissant
est satisfait, il n’est d’aucune importance que le monde
entier soit mécontent. S’Il accepte une action et que tout
le monde la rejette, cela n’a pas d’effet. Une fois que Son
plaisir a été gagné et qu’Il a accepté une action, même si
vous ne Lui demandez pas, s’Il le désire et que Sa sagesse
l’exige, Il fera en sorte que les autres l’acceptent et les fera
également consentir. Pour cette raison, le seul but dans ce
service doit être la recherche directe du plaisir divin."13
Cet exemple permet de comprendre ce qu’est la sincérité
et souligne le fait que dès que Dieu donne son
consentement, rien n’a d’importance, pas même
l’opposition du monde entier. De plus, Dieu contrôle
les coeurs de tout un chacun. S’Il le voulait, Il
ferait en sorte que tous soient d’accord avec vous.
A l’inverse, si Dieu ne donne pas Son consentement,
il est sans importance que le monde entier
donne le sien. Tout bon croyant sait avec certitude
que s’il gagne seulement le consentement des gens
cela ne vaut rien en présence de Dieu, et qu’il n’aura
rien acquis pour le prochain monde, à moins que
Dieu ne le veuille autrement. Ceux qui donnent leur
consentement peuvent bien être nombreux ou puissant,
ce sont cependant des êtres faibles qui n’agissent
qu’avec la permission de Dieu, et qui perdront
un jour leur pouvoir et leur puissance après s’être
décomposés dans la terre. Le soutien des gens,
même très nombreux, ne sera pas bénéfique dans
l’Au-delà. Seul Dieu est Eternel et digne d’accorder
son consentement. La compréhension de cette vérité
permet d’acquérir la sincérité durable. Il faut se
tourner vers l’obtention du consentement de Dieu
en se libérant des "opinions des autres". Dans le
Coran, Dieu décrit cela avec une métaphore:
Dieu a cité comme parabole un homme appartenant
à des associés se querellant à son sujet et un
[autre] homme appartenant à un seul homme:

sont-ils égaux en exemple? Louanges à Dieu!
Mais la plupart d’entre eux ne savent pas. En
vérité tu mourras et ils mourront eux aussi.
(Sourate 39, az-Zumar: 29-30)

Dans le Coran, rechercher l’accord des autres en
plus de Dieu est considéré comme de "l’idolâtrie"
(shirk) ou "associer des partenaires à Dieu". Dans le
verset mentionné ci-dessus, Dieu compare celui qui
cherche le consentement des autres et associe des
partenaires à Dieu, à un homme appartenant à des
associés se disputant à son sujet. Celui qui a la foi et
qui sert fermement Dieu est comparé à un homme
appartenant à une seule personne. Dieu nous rappelle
que tous les êtres autres que Lui finiront par
mourir et Il invite les gens à réfléchir à l’importance
de ne rechercher que Son consentement.
Par conséquent, on doit se protéger des désirs
vains et s’évaluer sincèrement. On cherche souvent
l’approbation des autres mais c’est en opposition
avec la moralité du Coran. De même, nombreux
sont ceux qui n’agissent pas comme ils l’entendent
mais uniquement de manière à être appréciés par
leurs proches. En d’autres mots, leur première moti74
vation devient le "désir d’acquérir le consentement
des autres".
Nombre d’entre vous ont sans aucun doute souvent
entendu des gens dire des choses comme "Que
vont dire les gens?", "Comment pouvons-nous
expliquer cela aux autres?", "Nous sommes devenus
la risée du voisinage" ou "Maintenant, nous ne pouvons
plus nous montrer en public".
Ces réactions sont dues au trop d’importance
accordé à l’opinion des gens. Parfois, des gens qui
ont commis un méfait ne sont pas tranquilles en
pensant que les autres vont l’apprendre mais ils
devraient plutôt craindre Dieu et se retourner vers
Lui pour se repentir. Quand on ne ressent aucune
culpabilité envers Dieu pour les erreurs commises,
mais qu’on se sent honteux ou embarrassé face aux
autres, il est clair qu’on accorde plus d’importance à
l’approbation des gens qu’à celle de Dieu. Ces personnes
n’accomplissent pas leurs devoirs religieux
de la même manière en public et en privé.
Excessivement inquiètes de l’opinion des autres,
elles préfèrent gagner leur consentement plutôt que
celui de Dieu.
Leur comportement diffère selon l’endroit, la
ville, le pays où elles se trouvent et il peut leur arriver
de négliger l’adoration de Dieu. Cependant, une
personne sincère ne se comportera jamais de cette
façon. Où qu’elle aille, quelle que soit la personne
qu’elle rencontre, elle reste engagée dans sa dévotion
par crainte de Dieu. Le Coran attire l’attention
sur le fait qu’aucune condition ou circonstance ne
peut influencer l’esprit des vrais musulmans:

[Il y a] des hommes que ni le négoce, ni le troc ne
distraient de l’invocation de Dieu, de l’accomplissement
de la Salat et de l’acquittement de la
Zakat, et qui redoutent un Jour où les coeurs
seront bouleversés ainsi que les regards. (Sourate
24, an-Nur: 37)

Ainsi, tout vrai croyant souhaitant être sincère
doit se libérer complètement du souci de "ce que
diront les gens" et ne chercher que le consentement
de Dieu. Cette attitude ne vaut que pour les communautés
ignorantes. L’approbation des gens ne
nous apportera rien, alors que le consentement, le
soutien, l’amour et l’approbation de Dieu vaut bien
plus. Dieu permettra, à celui qui est sincère, de
mener la meilleure des vies, à la fois dans ce monde
et dans l’Au-delà, Il lui fournira le soutien qu’aucun
être humain ne peut fournir, et lui accordera une
amitié incomparable à l’amitié des humains. Dans
un de ses ouvrages, Bediuzzaman Said Nursi souligne
aussi ce fait important de la manière suivante:
... l’assentiment divin est suffisant. S’Il est votre aimé,
alors tout est votre aimé. S’Il n’est pas votre aimé, alors
les applaudissements du monde entier sont totalement
sans valeur. Si on recherche l’assentiment et l’approbation
des gens en même temps qu’une action détachée de
ce monde, alors cette action sera annulée. Si vous préférez,
ils détruisent la sincérité de cette action. S’ils sont
tentants, alors ils retirent sa pureté.14
Ô ego, si tu obtiens l’assentiment de ton Créateur avec
ta piété et ta dévotion, alors ce sera suffisant et il n’y
aura pas besoin de rechercher l’assentiment des gens. Si
les gens sont d’accord et acceptent au nom de Dieu,
alors c’est bien. S’ils agissent pour gagner des bienfaits
de ce monde, alors c’est inutile. Car ce sont de faibles
serviteurs, tout comme vous. Préférer la seconde option
signifie l’idolâtrie. Si un homme, s’adressant au sultan
pour un problème commercial, obéit au sultan, alors
l’affaire est réglée. Sinon, il y aura des ennuis et des
situations gênantes avec le traitement préférentiel des
gens. Dans tous les cas, la permission du sultan est obligatoire.
Et cette permission dépend de son consentement.

Renforcer sa conscience

La conscience est une force chargée, par Dieu,
de montrer à l’humanité le droit chemin. Elle met en
garde les gens contre le mal de leur âme, les incitations
du démon, et tous les types de comportement
désapprouvés par le Coran. Elle inspire les moyens
de plaire à Dieu et d’agir en conformité avec le
Coran. Quelles que soient les circonstances, celui qui
écoute la voix de sa conscience sera capable d’atteindre
la sincérité. La sincérité signifie utiliser sa
conscience de la manière la plus efficace qu’il soit.
Cela implique également qu’on ne doit jamais abandonner
sa conscience, même sous l’opposition de sa
personnalité ou sous des influences extérieures.
Pour cette raison, quelqu’un souhaitant acquérir
la sincérité devrait avant tout déterminer s’il fait bon
usage de sa conscience. S’il lui arrive de ne pas
suivre sa conscience, d’il n’écoute pas sa voix, et se
comporte intentionnellement d’une manière qui
plaît à son ego, alors il n’utilise pas sa conscience en
conformité avec le Coran qui énonce:

Mais l’homme sera un témoin perspicace contre
lui-même, quand bien même il présenterait ses
excuses. (Sourate 75, al-Qiyama: 14-15)

Chacun sait intuitivement que la voix lui chuchotant
à l’oreille est la voix de sa conscience, et
aussi quelles excuses il met en avant pour ignorer
cette voix.
La conscience est un grand bienfait et un don
fait à l’humanité. Comme l’énonce Bediuzzaman
Said Nursi: "Même si l’esprit s’en va en vacances et
néglige son avis, la conscience ne peut jamais oublier son
Créateur. Même s’il refuse son propre soi, il Le voit, pense
à Lui et se dirige vers Lui." 16 ou "… Le Créateur ayant
deux fenêtres dans chaque conscience causera Son habileté
à toujours se manifester dans les coeurs humains"17, la
conscience n’est jamais dépourvue, même si l’homme
lui-même est ignorant. La conscience n’est
jamais distraite même si la personne elle-même l’est.
La conscience n’agit jamais faussement, et n’obéit
pas au démon, même si la personne le fait. En bref,
on peut commettre intentionnellement ou non des
erreurs, mais notre conscience ne s’égare jamais du
droit chemin et ne commet jamais d’erreur.
Cependant, notre capacité à écouter notre
conscience peut diminuer. Si l’on agit en ignorant la
voix de notre conscience, qui nous invite au droit
chemin, et si l’on prend l’habitude de réprimer cette
voix, alors on affaiblira l’influence de notre
conscience, et notre capacité à l’écouter s’émoussera.
Il sera de plus en plus difficile d’être influencé par
cette voix et on pourra même la considérer comme
insignifiante. Par conséquent, de nombreux comportements
en total désaccord avec la conscience
d’un vrai croyant finiront par "contourner" cette
conscience et on ne sentira même plus ses tiraillements
en violant les règles coraniques. Elle pourra
aller à l’encontre du consentement de Dieu, et suivre
le démon. Elle accomplira des actions désapprou-
vées par le Coran sans souci. Par exemple, pendant
une guerre, la plupart des gens sentent un grand
malaise en voyant des femmes et des enfants sans
défense mourir. Ils souhaiteraient pouvoir les aider.
Cependant, au fil des jours, lire les mêmes articles et
voir les mêmes scènes, encore et toujours, tend à
engourdir la conscience. Les nouvelles de mort ou
de cruauté ne nous touchent plus, on ne ressent plus
d’inquiétude et on n’est plus conscient de la
moindre responsabilité.
Afin d’être sincère, il faut s’assurer que l’on est
sensible à sa conscience, comme recommandé par le
Coran. Cela est possible grâce à l’augmentation de
sa crainte de Dieu. On doit profondément réaliser
que Dieu nous entend et nous voit, partout et tout le
temps. Il prend note de toutes nos actions; et Il nous
appellera un jour pour en rendre des comptes. On
doit s’efforcer de comprendre clairement que la
mort peut survenir d’un moment à l’autre, et que
l’on rendra des comptes en présence de Dieu. On
sera confronté aux tourments de l’Enfer si l’on a
échoué à vivre avec le niveau de moralité approuvé
par Dieu et à faire bon usage de sa conscience. Si on
réussit à laisser ces enseignements du Coran pénétrer
profondément notre coeur, alors le manque
d’éclat de notre conscience sera remplacé par une
sensibilité consciencieuse. Une telle sensibilité peut,
à son tour, nous permettre d’agir sincèrement en
écoutant la voix de notre conscience, quelles que
soient les circonstances.

Comprendre que la vie de ce monde est
temporaire

Tout le monde parle ou au moins pense à vivre
une longue vie et à retarder la mort. Les scientifiques
consacrent des efforts importants à résoudre
ce problème depuis de nombreux siècles, et ont
essayé de trouver des formules pour permettre aux
gens de vivre plus longtemps. Cependant, à ce jour,
aucun progrès n’a été effectué. Dieu nous apprend
que chaque personne a été créée mortelle, un fait
que tout le monde devra finir par reconnaître:

Et Nous n’avons attribué l’immortalité à nul
homme avant toi. Est-ce que si tu meurs, toi, ils
seront, eux, éternels? Toute âme doit goûter la
mort. Nous vous éprouverons par le mal et par le
bien à titre de tentation. Et c’est à Nous que vous
serez ramenés. (Sourate 21, al-Anbiya’: 34-35).

Que les gens l’acceptent ou non, tout le monde
doit mourir, cette vie est courte et passagère. Tout le
monde est envoyé dans ce monde pour être testé sur
une période allant de soixante à soixante-dix ans.
Par conséquent, c’est une très grande erreur de ne
faire de projets que pour cette vie, d’accepter ce
séjour de courte durée comme la vraie vie, et d’oublier
l’Au-delà où l’on vivra pour toujours:

Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous
éprouver et de savoir qui de vous est le meilleur
en oeuvre, et c’est Lui le Puissant, le Pardonneur.
(Sourate 67, al-Mulk: 2)

Dieu décore ce monde afin de créer cet environnement
dans lequel l’homme est testé. La rivalité
des hommes pour jouir au maximum de cette vie ne
doit pas nous abuser. Le Coran explique que ceux
qui s’efforcent d’accumuler et d’entasser des biens,
qui sacrifient leurs croyances afin d’obtenir de l’autorité,
et qui jouent des rôles pour gagner l’approbation
des autres, sont en train de courir après des chimères.
Supposer que cette vie est réelle, et courir
désespérément après des bénéfices et des récompenses
terrestres, est aussi illogique, comique et
humiliant que de confondre les paysages d’une
pièce de théâtre avec la réalité.
Mais il faut se rappeler que ceux qui font des
efforts pour acquérir des bénéfices à la fois dans ce
monde et dans l’Au-delà, sont également leurrés. La
vie de ce monde a été créée comme une bénédiction
pour l’humanité. Tant qu’ils sont ici, les gens
devraient utiliser de la meilleure façon possible ses
splendeurs, et goûter de ses nombreux bienfaits.
Mais on ne devrait jamais idéaliser ni courir après
ces bienfaits avec une ambition ou un désir excessif.
On devrait tous les utiliser, selon la religion, du
mieux possible pour être reconnaissant envers Dieu
pour ce qu’Il nous a donné. Il ne serait pas totalement
sincère de rechercher à la fois le consentement
de Dieu et les bénéfices de cette vie terrestre.
Dans le verset suivant, en mentionnant certains
de Ses prophètes, Dieu rappelle à l’humanité que le
comportement de ceux qui gardent uniquement
l’Au-delà à l’esprit ont le plus de mérite:

Et rappelle-toi Abraham, Isaac et Jacob. Nos serviteurs
puissants et clairvoyants. Nous avons fait
d’eux l’objet d’une distinction particulière: le
rappel de l’Au-delà. Ils sont auprès de Nous,
certes, parmi les meilleurs élus. (Sourate 38, Sad:
45-47)

Néanmoins, Dieu accorde les plus grands bienfaits
de ce monde à ceux qui se tournent sincèrement
vers Lui et qui désirent l’Au-delà. Ainsi, quelqu’un
qui s’éloigne de la sincérité en disant
"Laissez-moi avoir ce monde et le prochain" sera au
final privé des deux. Quelqu’un qui désire ardemment
l’Au-delà seul, gagnera les bienfaits de ce
monde et du prochain.
De la même manière, Bediuzzaman Said Nursi a
dit: "Le secret de ce sujet repose dans la sincérité. Les
plaisirs éphémères de ce monde deviennent un but ultime
pour ceux qui n’ont pas réussi à atteindre une pureté spirituelle.
Ainsi, les actes accomplis par ces personnes pour
l’Au-delà sont affectés par ces plaisirs, et leur sincérité est
corrompue. Etant des objectifs de ce monde, ces plaisirs ne
peuvent être recherchés en même temps que les actions
permettant des récompenses détachées de ce monde.
Sinon, la sincérité est mise à mal."18 Il souligna que la
recherche des bénéfices de ce monde et du prochain
émane d’une âme manquant d’éducation. Une telle
façon de penser diminue la sincérité, et empêche
d’accomplir des actions pieuses dédiées à l’Au-delà.
Dans un autre de ses travaux, Said Nursi a noté
que seuls ceux "qui supposent que le monde est un
hôtel" peuvent espérer mener la meilleure et la plus
heureuse des vies. De là, un tel état d’esprit mène à
acquérir le consentement de Dieu et à se comporter
sincèrement.
J’observe que la personne la plus fortunée dans cette vie
terrestre est celle qui voit le monde comme un hôtel, et
se soumet et agit en conséquence. En considérant le
monde de cette manière, elle peut rapidement s’élever au
rang qui plaît à Dieu, le plus haut rang. Une telle personne
ne donnera pas le prix d’un diamant pour quelque
chose de la valeur du verre qui peut être cassé. Elle passera
sa vie d’une manière droite et avec plaisir. Oui, les
affaires de ce monde sont comme des morceaux de verre
condamnés à être cassés, tandis que les affaires de l’Au84
delà ont la valeur de parfaits diamants. La curiosité
intense, l’amour fervent, la terrible gourmandise et les
désirs obstinés, et les autres émotions intenses de la
nature humaine, ont été accordés afin de gagner les
affaires de l’Au-delà. Diriger ces émotions vers des
affaires terrestres transitoires signifie donner le prix de
diamants éternels pour des morceaux de verre qui vont
être brisés.19
Par ces paroles, Bediuzzaman compare cette vie
terrestre à un fragile bout de verre, et l’Au-delà à un
diamant. Celui qui n’agit pas sincèrement et qui est
préoccupé par cette vie, perdra sa récompense céleste,
tout comme un homme qui sacrifierait un diamant
pour un bout de verre sans valeur. Celui qui
comprend que ce monde est comme un hôtel ne
commettra pas la même erreur, et fera son possible
dans ce monde et le prochain.

Penser à la mort, au Jour du Jugement
et à l’Au-delà

Certains appréhendent la signification de la
mort de la mauvaise manière. Ils la considèrent
comme une fin, la fin des bienfaits de ce monde, leur
faisant dire un dernier adieu à cette vie, pour ne
jamais revenir, et pour finir décomposés dans la
terre. Cela vient d’une mauvaise compréhension de
l’existence de Dieu, de la création et de cette vie ter-
restre. Ils n’ont pas conscience que leur vie terrestre
n’est rien d’autre qu’un test pour déterminer le
cours de leur vraie vie après leur mort. Ils considèrent
ce monde comme la réalité et l’Au-delà comme
une illusion. Pour cette raison, ils perçoivent la
mort, qui ne fait que mettre un terme à cette vie
pour entamer la prochaine, comme une fin.
La "mort" ou même "penser à la mort" devient
effrayant et inquiétant pour eux. Ils pensent perdre
le goût des plaisirs de cette vie s’ils commencent à
penser à la mort. Par conséquent, ils tendent à
prendre le plus de plaisir des bienfaits de ce monde,
à s’immerger dans cette vie, en évitant de penser à la
mort.
Cependant, qu’une personne pense ou non à la
mort, le résultat final sera le même, chaque homme
rencontrera certainement sa mort:

Dis: "La mort que vous fuyez va certes vous rencontrer.
Ensuite vous serez ramenés à Celui qui
connaît parfaitement le monde Invisible et le
monde Visible et qui vous informera alors de ce
que vous faisiez." (Sourate 62, al-Jumu’a: 8)

Il est donc plus sage de se préparer à rencontrer
cet évènement inéluctable, plutôt que de l’éviter par
négligence ou par oubli. Si l’on mène une vie à
gagner le consentement de Dieu, alors la mort n’apportera
aucune perte, aucun mal. Ce sera au contrai86
re le moyen de commencer la vie éternelle, bien plus
sublime. Si une personne s’est tournée vers Dieu
avec un coeur sincère, la mort ne sera pas douloureuse,
quelle que soit la manière dont elle survient
Un homme fidèle à Dieu et sincère n’aura pas une
mort douloureuse car Dieu parle de ceux "qui
recueillent les âmes avec douceur". (Sourate 79, an-
Nazi’at: 1-2)

De plus, penser à la mort ne diminue pas les
plaisirs de ce monde mais peut permettre de mieux
les apprécier en prenant conscience de leur caractère
éphémère. Dans un de ses discours, le Prophète
(sur lui la grâce et la paix) a indiqué l’importance de
penser à la mort:
Parlez beaucoup de la mort. Car cela libère l’homme du
monde. Et le libère du péché.20

De plus, la mort n’est pas le fin à la vie, des bienfaits
et des plaisirs, mais bien le commencement de
la véritable vie; c’est la transition vers le véritable
monde, où les gens vivront éternellement suivant
les choix qu’ils auront faits au cours de cette vie.
S’ils ont apprécié la grandeur de Dieu et vécu en
conformité avec cela, ils passeront cette vie éternelle
au Paradis. Mais s’ils se sont immergé dans cette vie
terrestre, et ont oublié la mort, le Jour du Jugement
et l’Au-delà, alors leur résidence éternelle sera
l’Enfer. S’abstenir de penser à la mort quand on est
sur terre n’empêchera en aucun cas la rencontre de
cette destinée ultime.

Un homme peut rencontrer la mort
n’importe où et à tout moment

Réfléchir à la mort et s’arranger avec cette vérité
sont des sujets essentiels à prendre en considération
si l’on veut toujours agir sincèrement et de
manière consciencieuse. Quelqu’un qui croit sincèrement
en l’existence de Dieu et en l’Au-delà sait
clairement que Dieu ne contrôle pas uniquement la
vie mais aussi la mort. Personne ne peut retarder ou
avancer cette fin. La mort viendra quand Dieu le
décidera, et dans les circonstances qui Lui plaisent:

Pour chaque communauté il y a un terme. Quand
leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d’une
heure et ils ne peuvent le hâter non plus. (Sourate
7, al-A’raf: 34)

Quelqu’un qui a conscience de cette vérité sait
qu’il peut rencontrer la mort à tout moment.
Comme on l’a déjà mentionné, la mort surviendra
par la volonté de Dieu. Cela ne dépend pas de l’âge
ou de la santé ou si l’on a agit ou non avec prudence.
Par la volonté de Dieu, un accident, une maladie
soudaine ou même une cause mineure peut nous
mener à notre fin. Notre vie peut s’arrêter soudainement.
Garder cela à l’esprit aide à agir sincèrement,
et à utiliser au mieux sa sagesse, sa conscience et ses
capacités car on sait qu’on pourra avoir à rendre des
comptes à Dieu dans l’instant qui suit et être envoyé
au Paradis ou en Enfer. Il faut vivre dans ce monde
avec foi et sincérité, comme si on avait déjà été dans
l’Au-delà et vu le Paradis et l’Enfer. Le croyant qui
sait tout cela passe chaque moment dans une profonde
crainte de Dieu, comme s’il allait immédiatement
rencontrer les anges de la mort, comme si le
livre contenant ses actions allait s’ouvrir, et comme
s’il attendait la décision de savoir s’il est promis au
Paradis ou à l’Enfer. Il agit en se rappelant en permanence
la proximité et l’horreur des tourments de
l’Enfer. Il conserve constamment la crainte d’expérimenter
ce tourment pour toujours. D’un autre côté,
il est aussi rempli de l’espoir d’échapper à l’Enfer, et
de vivre une vie éternelle au Paradis comme un serviteur
secouru par Dieu. Il agit en sachant avec certitude
que de vaines excuses, comme "Je ne savais
pas", "Je n’ai pas compris", "Je n’ai pas réalisé", "J’ai
oublié", "J’ai été distrait par d’autres gens qui étaient
ignorants", "Je me suis comporté de manière irresponsable",
"J’ai suivi le démon" ou "J’ai pensé que
Dieu allait sûrement me pardonner", "J’ai accompli
mes devoirs religieux et j’ai pensé que ce serait suffisant",
ne serviront à rien au Jour du jugement.
Un tel état d’esprit est caractéristique d’une
conscience forte, d’une ferme compréhension, d’une
sagesse avancée et de la sincérité qui en résulte. Le
rappel de la mort évite de remettre à plus tard l’accomplissement
de la moindre bonne action, de
reporter ses affaires à plus tard ou de se comporter
paresseusement, et quelles que soient les circonstances,
on n’agit jamais sans enthousiasme. On doit
penser que la vie ne sera peut-être pas suffisamment
longue pour nous permettre d’accomplir une action
"plus tard", que ce soit dans l’heure suivante ou le
prochain jour. On est conscient que l’on pourra être
plein de regrets dans l’Au-delà pour ces actions
incomplètes ou ajournées.
On sait qu’on doit prendre exemple sur la sincérité
des prophètes et on évite d’être parmi ceux qui
seront plein de regrets dans l’Au-delà, et qui diront
"Je souhaite avoir accompli plus d’actions pieuses,
être venu en aide à plus de gens, m’être comporté
avec une haute moralité et mené les pieux et les
musulmans, m’être dévoué à la religion de Dieu
plus fermement, avoir fait plus d’efforts pour informer
les gens de la moralité de la religion, avoir
ordonné aux gens de faire le bien et les empêcher de
faire du mal, ne pas avoir remis à plus tard ma préparation
pour l’Au-delà au lieu d’être préoccupé par
des affaires de ce monde, quand j’avais l’opportunité
de devenir un de ceux qui réussissent aujourd’hui".
Plus on accomplit d’actions vertueuses sincèrement,
plus on récolte de profit en retour. On sait
qu’on doit agir avec dévotion et sincérité afin
d’échapper à une fin épouvantable en Enfer et que
faire quelque chose à contrecoeur, ou ne pas préférer
la meilleure des actions risque de nous procurer des
remords dans l’Au-delà. Notre profonde conscience
et sincérité brillent en toute circonstance, on adopte
une attitude sincère dans notre approche de Dieu et
dans le respect, l’affection et la sincérité vis à vis des
musulmans, dans notre belle moralité, notre abnégation,
notre travail, notre adoration, nos prières,
toutes ces choses que l’on effectue avec nos biens,
notre personne, nos paroles, notre enthousiasme et
notre vigueur.
On ne peut espérer acquérir une telle compréhension
supérieure de la sincérité que si l’on vit en
pensant continuellement à la mort. Dans son Traité,
Bediuzzaman Said Nursi souligne les bénéfices de
penser à la mort comme suit:
... O mes compagnons au service du Coran! Un des
moyens les plus efficaces d’atteindre et de conserver la
sincérité est ‘la contemplation de la mort’. Oui, comme
c’est l’ambition de ce monde qui nuit à la sincérité et
conduit une personne à l’hypocrisie, c’est la contemplation
de la mort qui provoque le dégoût de l’hypocrisie et
permet d’être sincère. C’est-à-dire penser à la mort et
réaliser que ce monde est transitoire, et être ainsi sauvé
des ruses de son âme. Oui, via des indications que les
Soufis et les gens de vérité ont reçues des versets du
Coran, Le Sage, comme "Toute âme doit goûter à la
mort." (Sourate 3, Al ‘Imran: 185). Ils ont rendu la
contemplation de la mort fondamentale pour leurs
voyages spirituels, et pour chasser l’illusion de l’éternité,
la source des ambitions de ce monde. Ils s’imaginent
morts et placés dans la tombe. Après une réflexion prolongée,
l’âme commandant le mal devient triste et affectée
par une telle imagination au point d’abandonner ses
ambitions et ses espoirs considérables. Il y a de nombreux
avantages à cette contemplation. Le hadith dont la
signification est "La mention fréquente de la mort dissipe
le plaisir et le rend amer" enseigne cette contemplation.
Cependant, puisque notre chemin n’est pas le chemin
des Soufis mais le chemin de la réalité, nous ne sommes
pas obligés d’accomplir cette contemplation de manière
imaginaire et hypothétique comme les Soufis. Faire cela
n’est de toute façon pas en conformité avec le chemin de
la réalité. Notre chemin n’est pas d’amener le futur vers
le présent en pensant à la mort, mais d’aller en esprit
vers le futur depuis le présent en respectant la réalité, et
en se focalisant dessus. Oui, sans avoir besoin d’imagination
ou de conception, on peut regarder son propre
cadavre, l’unique fruit sur l’arbre de cette courte vie. De
cette manière, on peut regarder sa propre mort, et si l’on
va un peu plus loin, on peut voir la mort de ce siècle, et
en allant encore plus loin, observer la mort de ce monde,
et ouvrir la voie vers la sincérité totale.21
Avec ces mots, Bediuzzaman recommande
d’évaluer la mort avec une clarté d’esprit et une
maturité, comme si on avait déjà été placé dans
notre tombe, vu notre propre mort et nos funérailles,
et observé la mort du monde depuis l’Au-delà. Il
insiste aussi sur le fait que penser à la mort peut
constituer un moyen important de se purifier de
toutes les faiblesses comportementales et morales
attribuées à la vie de ce monde.

dimanche 11 avril 2010 à 13:03

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